Vendredi, le Tribunal fédéral a tranché en faveur de l’État de Genève dans le litige qui l’opposait à la société Uber au sujet des chauffeurs. Acculée, l’entreprise vient d’accorder exceptionnellement le statut d’« esclave » à l’ensemble de ses travailleurs.
Ça devait tirer la gueule dans les bureaux d’Uber Suisse, vendredi, à l’annonce du verdict de du Tribunal fédéral. Nous en voulons pour preuve les centaines de bouteilles de champagne retrouvées totalement closes dans la benne à ordure située juste à côté des locaux de l’entreprise américaine ; bouteilles que nous avons récupéré pour la sortie teambuilding de la Biturne de Genève*. En effet, et contre toute attente, puisque le Tribunal fédéral n’est pas franchement connu pour ses largesses en matière de législation du travail, l’autorité judiciaire suprême de la Confédération accordait des droits aux chauffeurs de la plateforme.
Jusque-là au bénéfice d’une couverture sociale oscillant entre celle d’une bouse de vache séchée et celle d’un intermittent du spectacle, les VTC Uber devaient profiter des mêmes conditions de travail que l’ensemble de la branche. Or, l’entreprise n’entendait pas laisser filer ses économies réalisées sur le dos des travailleurs. Au lendemain du verdict, Uber prononçait ainsi une modification du statut de « salarié » pour requalifier son personnel en « esclaves » et lui accorder ainsi les droits afférents à cette situation qui reste néanmoins privilégiée par rapport à celle de « stagiaire au DG-DERI » à l’époque où certain P.M. en était à la tête.
Pour ce qui ne change pas par rapport à leur relation de travail précédente avec la firme : les chauffeurs devront s’adresser à leur application en commençant par le mot « maître » et ils auront l’obligation d’œuvrer quand l’algorithme de cette dernière leur dira de le faire. Ce qui change, en revanche, est une petite révolution qui pourrait inspirer plus d’un libéral-radical : la masse salariale de l’entreprise – et les charges sociales idoines – sera réduite à zéro ! En contrepartie, Uber devra fournir à chacun de ses esclaves un logement insalubre et une ration alimentaire de 2’500 kcal au moins, pour les hommes, et de 2’000 kcal pour les femmes. Conséquemment, Uber annonçait non pas un « licenciement massif et abusif de l’ensemble des hommes », mais « une compagne ambitieuse de promotion de l’égalité de genre » en remerciant l’intégralité de son effectif masculin.
Contacté par notre stagiaire, le département de l’économie et de l’emploi affirme qu’il étudie sérieusement l’implication de cette décision de l’entreprise américaine, notamment la conformité du statut d’esclave avec le droit suisse. « Nous restons vigilants quant à d’éventuels abus », rassure Fabienne Fischer. « Mais nous sommes convaincus de la bonne volonté des dirigeants [de Uber] qui nous ont assuré qu’un esclave est de toute façon mieux traité qu’un salarié », conclut cette dernière.
La Rédaction.
*Un saut en parachute sans parachute.