La Rédaction

La Rédaction de la Biturne de Genève est composée de nombreuses “petites mains” chinoises et de quelques frontaliers sous-payés au SMIC à qui l’on fait régulièrement miroiter une promotion afin de les garder sous notre joug. Sans plus attendre, découvrez deux individus majeurs dans l’élaboration de votre quotidien !

Maurice Bledard, 32 ans

Rédacteur en chef et génie incompris

Lorsque sa mère prénomme son nouveau-né Maurice, c’est parce qu’elle voit son enfant promis à une grande carrière de danseur et de chorégraphe. En l’hommage à son presque homonyme, Maurice Béjart, l’enfant reçoit un prénom maudit qu’il aura bien des difficultés à honorer…

En effet, Maurice se révèle assez tôt incapable de concrétiser les attentes de sa génitrice. Plus encore, il n’a de cesse de décevoir sa maman. Ainsi, à l’âge d’un an, Maurice a déjà lu Proust. À deux, il connaît ses tables de multiplication par cœur et peut les réciter à l’envers tout en entonnant l’Internationale. À trois, il obtient son doctorat de philosophie de l’histoire – pour faire comme son père spirituel, Karl Marx. 

Ces nombreux échecs, la maman de Maurice Bledard les attribue à l’absence de son père, parti courir les jupons sous d’autres latitudes après avoir obtenu sa naturalisation des suites d’un mariage arrangé.  

Mais ne s’avouant point battue pour autant et comme pour conjurer le sort intellectualiste qui le ronge, la mère de Maurice persiste et inscrit tout de même son gamin aux cours de danse qui s’ouvrent à lui dès l’âge de quatre ans. Encore une fois, il ne parvient qu’à reproduire, et très maladroitement, les gestes des plus grands. Plus intellectuel que physique, Maurice restera à jamais une pive dans toutes les activités de coordination. Ainsi ne parviendra-t-il jamais à faire une pointe ; encore moins un mouvement de zumba et sa mère l’abandonnera au bord de la route d’où il sera recueilli et élevé, quelques années durant, par une famille de loups sauvages. 

À l’âge de seize ans, Maurice est arrêté par les autorités alors qu’il chasse un troupeau de militants UDC dans la Broye. Conduit au chenil de Bussigny pour y être soigné de ses nombreuses morsures découlant de l’éducation drastique que lui a fait subir sa maman louve, il y rencontre un individu qui changera sa vie en la personne de Juan Carlos. L’ex-roi d’Espagne, venu trouver refuge dans le canton de Vaud après que son argent a été bloqué sur ses comptes en banque genevois fomente en catalan la reprise du pays de la corrida par les armes. Maurice, qui, on ne sait pas trop comment, touche sa bille en catalan, voit là une occasion de briller et de reconquérir l’estime de sa mère maternelle. C’est donc tout naturellement qu’il s’associe au renégat et se lance dans ce qui sera l’aventure la plus déroutante de sa vie !

Malheureusement, les deux compères sont repris à la sortie de leur cage au chenil de Bussigny et condamnés à quinze ans d’enfermement sans réduction de peine qu’ils passeront, copains comme cochon, à apprendre les échecs et à écouter des discours politiques de Jean Lassalle. 

C’est en 2019 que Maurice Bledard est libéré sous caution de vingt-cinq croquettes et trois sachets de pâté Whiskas qu’il a réussi à gagner dans des combats clandestins l’opposant, le plus souvent, à des épagneuls ou à Philippe Nantermod venu se faire la main sur des animaux avant de passer aux islamo-gauchistes. Dans la foulée, il décide de se lancer en politique mais échoue lamentablement à pousser la porte des locaux du parti libéral-radical. En même temps, lui qui a vécu dans une cage durant plus d’une dizaine d’années ne sait pas comment fonctionne le monde et c’est tout juste s’il parvient à ouvrir des cannettes de soda lorsqu’il s’en offre une après avoir récupéré de la monnaie dans les égouts de Genève. 

Sans le sou mais bien décidé à s’en sortir cependant, Maurice enchaine les petits boulots. Pour survivre, il devient successivement guetteur puis, aidé par ses capacités de survie, dealer dans la cité des Avanchets. Le point d’orgue de sa carrière de revendeur de produits illicites, mais de première nécessité dans un monde où les patrons gèrent leurs entreprises comme Pierre Maudet gouvernait son ancien département, survient lorsqu’il est embauché par la Confédération elle-même, laquelle réalise une expérience pilote sur la vente de cannabis pour financer nos retraites et les extras d’Ueli Maurer au Moulin Rouge. Las cependant de cette vie risquée où la moindre erreur de calcul lorsqu’il rend la monnaie peut lui coûter un coup de couteau dans le dos, il se reconverti, grâce aux compétences qu’il a su acquérir dans le service et le vente au détail, dans l’hôtellerie ; plus précisément le service, domaine où il découvre le bonheur de tremper ses parties génitales dans les marmites de soupe de clients fortunés.

Mais le parcours atypique de Maurice ne s’arrête pas là. Ayant avalé tous les livres jamais écrits de même que toutes les couleuvres possibles du monde de l’hôtellerie-restauration, Maurice Bledard rejoint la Biturne de Genève malgré son unique et bien maigre expérience dans le journalisme en l’objet de son Sykblog créé en 2003 et qui s’appelait jadis X0PtdR36xoxo_Johnny_du27. 

Aujourd’hui, il travaille seize heures par jour, sans rémunération – faut pas déconner quand même – et écrit des articles sans queues ni têtes qui le font néanmoins bien rire, lui et ses amis loups, lorsqu’ils se retrouvent, à la nuit tombée, sur les terrasses des cafés fermés par la crise du covid pour y écluser leurs quelques Prix Garantie en se remémorant les bons moments de la vie d’avant

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Le stagiaire (aucun prénom connu)

Barista et tabouret

Le stagiaire est un peu l’homme à tout faire de la Rédaction. Qu’il vente, qu’il neige ou bien que le ciel soit en train de nous tomber sur la tête, celui-ci est dédié corps et âme à sa mission : recharger les capsules Nespresso de la cafétéria et parfois rédiger une ou deux brèves sur le Moyen-Orient. Récemment, lors d’un contrôle de l’inspection du travail, les fonctionnaires ont demandé à vérifier l’âge du stagiaire. Il s’est avéré que celui-ci était en règle. En effet, la législation suisse à ceci de particulier qu’elle n’interdit pas le travail des enfants en dessous de cinq ans. De toute façon, celui-ci travaille pour rien du tout en CDD renouvelable toutes les semaines. Le moindre soucis et il prend la porte.

Pour vous, la Rédaction.