Agacés par les parents faussement originaux qui redoublent de créativité afin de créer leur propre modalité du prénom « Mathieu », les Nations unies laissent aux francophones jusqu’à la fin de l’année pour s’accorder démocratiquement sur une seule manière de l’orthographier.
« Cette décision peut paraître dure, mais en réalité notre ultimatum est basé sur les demandes de plusieurs millions de personnes qui, dans le monde, n’en peuvent plus de ne pas savoir quelle modalité du prénom ‘’Mathieu’’ il faut utiliser », peut-on lire dans la lettre du Secrétariat des Nations unies adressée à l’ensemble des pays francophones de la planète. En discussion depuis plusieurs années, l’ambitieux projet de standardiser le prénom « Mathieu » – lequel peut également s’orthographier « Matthieu » avec deux « T », « Matieu » sans « H », « Mattieu » avec deux « T » et sans « H », etc. – afin de faciliter la vie de centaines de millions de personnes et des dyslexiques dysorthographiques confrontés à ses variantes toutes plus absurdes les unes que les autres vient officiellement d’aboutir.
Concrètement, ce projet prend la forme d’une demande à l’endroit de tous les pays concernés par la problématique des parents bobos hipsters qui ne veulent pas que l’orthographe du prénom de leur fils « Mathieu » – prénom qui est pourtant à l’originalité ce que l’emmental est au goût – soit similaire à celui des centaines de milliers d’autres « Mathieu » baptisés de la sorte chaque année. Cette demande qui, à bien la lire, revêt cependant plus l’apparence d’une exigence dans la mesure où les Etats francophones auxquels elle est adressée sont menacés d’exclusion de l’Organisation des nations unies en cas d’inaction, est la suivante : les pays francophones doivent organiser une consultation afin de savoir quelle est la version de « Mathieu » la plus populaire au sein de leur communauté francophone. Sur la base de ce résultat, les Etats disposeront alors d’une année pour adapter leur droit national. En pratique, leur état civil respectif devra alors refuser tout autre orthographe du prénom « Mathieu » que celui qui aura été démocratiquement choisi. « Etant donné que les gens sont plutôt raisonnables, nous pensons que c’est la meilleure manière de faire en sorte que les versions comme ‘’Mätyeux’’ ou bien ‘’Mhathhieux’’ disparaissent en toute légitimité des registres des états civils », justifie le Secrétariat des nations unies pour appuyer sa méthode. « En plus, l’organisation d’un scrutin donnera, dans les pays comme la France, l’impression aux citoyens de participer à la vie démocratique », se réjouit également ce dernier.
Si tous les Etats francophones ne sont pas emballés par cette nouvelle directive émanent des Nations unies, quelques quidams interrogés par notre stagiaire semblent néanmoins saluer cette initiative : « Je pense que c’est une bonne chose », déclare l’un d’eux. « Cela évitera à l’avenir que des mecs qui s’appellent ‘’Mathyieu’’ ou bien ‘’Matthyeux’’ s’indignent quand on orthographie mal leur prénom », redouble un deuxième. « À un moment, il faudrait voir pour avoir un prénom qui s’écrit normalement avant de se scandaliser », affirme enfin un troisième. Ainsi capable de prendre des décisions relativement populaires, les Nations unies devraient bientôt se pencher sur celle intimant à l’Etat d’Israël de cessez le feu qu’ils font actuellement s’abattre sur la Palestine. À moins que le courage ne s’arrête là où quelques intérêts politico-économiques commencent.
La Rédaction.
