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Holcim propose de régler son différend avec les pêcheurs indonésiens en leur offrant des crayons de couleur

Dos au mur, le premier cimentier mondial a proposé de régler le différend qui l’oppose aux pêcheurs indonésiens en leur offrant la possibilité de développer leur créativité artistique. Pour ce faire, 3’000 tonnes de crayons de couleurs seront largués au large de Jakarta et disponible, pour les habitants, selon la logique « first come, first served ». 

Comme chacun sait, les pays en voie de développement n’ont pas grand-chose et, de toute façon, ils se contentent de peu . L’Indonésie, quatrième pays le plus peuplé du monde, n’échappe pas à cette loin d’airain. Voilà pourquoi le premier cimentier mondial Lafarge-Holcim, en bisbille avec les pêcheurs locaux – pour pas grand-chose, ce n’est vraiment pas la peine d’expliquer comment les premiers détruisent l’écosystème des seconds – propose de « régler leur différend à l’amiable » en leur offrant des crayons de couleur de la marque Caran d’Ache. 

L’idée provient du sommet de la hiérarchie. En effet, après avoir réfléchi à quelque compensation financière pour dédommager les pêcheurs indonésiens frappés de plein fouet par le réchauffement climatique dont Lafarge-Holcim est sinon le seul du moins le principal responsable dans cette région, Jan Jenish, le pédégé du groupe, s’est rappelé à son bon souvenir que « ces pauvres gens » préféraient – question de fierté ou de dignité, sans doute – s’en sortir par leurs propres moyens plutôt que de toucher des sous et que l’on puisse dire d’eux qu’ils sont des « assistés » ! C’est ainsi que, « pour leur bien », il a été décidé au conseil d’administration du cimentier de ne pas leur verser un centime mais, au contraire, de leur offrir une chance de s’extraire de leur condition en développant leurs compétences artistiques. Ne restait plus, de fait, qu’à trancher entre les options de (1) stimuler leur créativité en leur offrant des crayons de couleur ou (2) animer leur esthétique en leur procurant de la gouache – le pays étant très humide et la peinture ayant du mal à y sécher, la première option avait été préférée. 

En pratique, Holcim larguera une quantité importante de crayons au large des côtes indonésiennes et les pêcheurs devront nager – là aussi « pour leur bien », la sédentarisation forcée de de ces derniers, causée par la disparition des poissons de la mer de Java et de l’océan Indien, les ayant confiné au développement de maladies cardio-vasculaires – pour récupérer la cargaison avant que celle-ci ne sombre et qu’ils doivent – nouvelle opportunité pour eux – passer leur brevet de plongée pour la récupérer. 

« L’année dernière, je me suis rendu à Cuba et j’ai emporté avec moi plein de trucs qui ne m’étaient plus utiles, comme des caleçons sales – je ne porte jamais deux fois le même caleçon ! – les restes de mon plateau de coke et des crayons de couleurs, pour les donner aux indigènes. Eh bien, figurez-vous que je n’ai jamais vu des yeux briller aussi intensément que ceux des petits Cubains après qu’ils ont reniflé mon plateau et se sont mis à dessiner des pénis sur les murs de la Havane ! », conclut, visiblement heureux, Jan Jenish. 

La Rédaction. 

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