Société

Il paie 3800 euros un Uber Paris-Lausanne et rate sa réunion à cause de bouchons sur l’A1

Lundi, au terme d’un long voyage nocturne, un homme d’affaire parisien aurait dû rejoindre sans encombre la ville de Lausanne pour assister à une réunion de la plus haute importance. Malheureusement, des bouchons sur l’A1 et les militants·es de Renovate Switzerland l’en ont empêché.

Qu’y avait-il de si important à discuter pour que Francis, entrepreneur – qui possède d’ailleurs un profil intitulé « Francis Entrepreneur » sur LinkedIn, où il distille ses meilleurs conseils pour gérer des équipes et pour devenir riche en 24 heures sans passer par les cryptomonnaies – perturbe son sommeil pour se rendre à Lausanne en pleine nuit ? Ce récit ne le dit pas… Mais sa réunion destinée à choisir le meilleur endroit pour « redélocaliser »* la production de son usine devait être cruciale pour que celui-ci décide de voyager en pleine nuit.

« J’ai été appelé vers 22 heures », raconte le chauffeur. « Francis, que je connaissais déjà un peu, notamment parce que je l’emmène régulièrement voir sa maîtresse à des heures indues, m’a dit : ‘’hey le pauvre débile, conduis-moi tout de suite à Lausanne ou tu vas voir !” », ajoute l’autoentrepreneur au micro de notre stagiaire. Il a alors établi un devis qui s’élevait à 3’800 euros – 1’200 après la spoliation légale du gouvernement sur le revenu des start-ups et des licornes françaises – l’a communiqué à Francis qui lui a dit : « pouahhhhh, t’es si mal payé que ça ! » et les deux hommes sont partis, l’un au volant de sa Twingo, l’autre à l’arrière, où il a sniffé des rails de cocaïne tout le trajet durant.

« En France, la route s’est bien passée », témoigne le chauffeur. « C’est dès mon arrivée en Suisse que les choses ont commencé à se compliquer : d’abord, j’ai renversé quelques militants·es de ‘’Renovate Switzerland’’ qui s’étaient collés les mains à la hauteur de la douane de Bardonnex. Les flics m’ont remercié. Ils ont pris un selfie avec moi et relevé mes empreintes ‘’pour nos archives’’, m’ont-ils dit avant de me laisser repartir. Ce contretemps nous en a fait perdre un peu, mais il nous restait encore une bonne heure d’avance. Faut dire que j’avais pris mes dispositions, car je m’attendais à des manifs’ de gilets jaunes ou à toute sortes d’imprévus ! C’est courant en France, mais je dois bien avouer que j’ai été étonné de retrouver les mêmes problèmes en Suisse ! Bref, j’ai appuyé sur le champi’ quand tout à coup… Un bouchon… »

C’est alors l’ébaubissement le plus total pour le chauffeur et Francis, lesquels resteront coincés plus de trois heures durant dans ledit bouchon, formé entre Nyon et Gland sur l’autoroute A1. Francis ratera ainsi sa réunion et il aura payé 3’800 euros de Uber pour attendre dans les bouchons… Ceci dit, vaut mieux ça que de payer la même somme de bouchons pour rester coincé trois heures dans Hubert. 

La Rédaction. 

*Il s’agit de la tendance économique qui succède directement à la relocalisation de la production européenne, après qu’on a constaté qu’on ne produit plus que des choses éclatées – genre des services financiers – qui ne servent concrètement à rien quand il y a une pandémie ou une autre catastrophe de la même ampleur – une guerre, par exemple. Autrement dit, la redélocalisation consiste en une amnésie sélective au sein des conseils d’administration, où les actionnaires privilégiant leurs dividendes à la nécessité de produire des trucs sur place, re-délocalisent après avoir relocalisé suite au covid. Vous avez suivi ?

Illustration : “Traffic Jam on Highway 401” by -AX- is marked with CC BY-NC 2.0.

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