Genève

Le Grand Conseil sauve la démocratie en interdisant l’utilisation du langage inclusif dans l’administration publique 

Dieu soit loué ! Le Grand Conseil, par 55 voix contre 35, demande au conseil d’État genevois de prendre des mesures pour proscrire l’écriture inclusive de l’administration publique. Cette dernière devra se doter d’un plan d’action visant à conscientiser son personnel vis-à-vis des tirets et des points médians, jugés dangereux pour la démocratie. 

Genève, le jeudi 17 mars 2022 – Au numéro 2 de la rue de l’Hôtel-de-ville, un suspense insoutenable laisse place à des scènes de liesse comme on en avait plus vu depuis la défaite de Pierre Maudet contre Fabienne Fischer, le 28 mars 2021. « C’est une grande victoire pour la démocratie, la liberté et les PMEs ! », lance un élu bourgeois. « Vive la République et vive la Fra… Genève ! », lui répond celui qui débouche une bouteille de champagne dont le bouchon, en s’échappant, vient frôler la caboche du président du Grand Conseil, Diego Esteban. La séance est interrompue. L’assemblée est invitée à continuer la fête à l’Escobar, dont le propriétaire a gentiment accepté de privatiser les lieux pour accueillir les député·e·s. « Gardez tout de même un œil sur vos verres ! », prévient la deuxième vice-présidente Céline Zuber-Roy, « dès fois qu’un individu mal intentionné aurait décidé de vous empoisonner ! »

Les député·e·s du Grand Conseil genevois viennent-ils enfin de mettre fin à la faim dans le monde ? De trouver une solution pour loger et réinsérer les centaines de sans-abris qui parsèment les rues du canton ? D’obtenir une amélioration des conditions d’emploi des travailleurs précaires, parmi lesquels les livreur·euse·s ? De reconnaître la contribution exceptionnelle des soignant·e·s durant la pandémie par une revalorisation salariale ? Encore mieux : d’obtenir le retrait des troupes du Kremlin de l’Ukraine envahie ? Eh bien non. L’allégresse exprimée sans retenue depuis tout à l’heure au sein de la partie droite de l’hémicycle n’est le fruit que d’un arbre découpé en fine tranches de papier sur laquelle est écrite une motion prescrivant l’utilisation du langage inclusive, et tutti quanti, à l’État et dans l’administration décentralisée. 

Par 55 voix contre 35, les député·e·s viennent en effet d’accepter de demander au conseil d’État de prévoir la prescription du langage inclusif au sein de son administration. Une victoire exceptionnelle lorsqu’on sait que depuis des années le wokisme* colonise les esprits de nos député·e·s, un·e à un·e, et que seul l’irréductible grenat et visionnaire Yves Nidegger est parvenu à lutter contre ce dernier. Cette victoire mérite bien que l’on suspende une séance parlementaire et que les représentant·e·s du peuple célèbrent, en l’honneur de ceux qui triment, ce triomphe de la démocratie contre la tyrannie ! 

Bien mauvaises langues seront, d’ailleurs, ceux qui diront que le Grand Conseil est « à droite » et que de même que les pauvres, le plus souvent, sont condamnés à la précarité ; de même, il était déterminé que cette motion reçoive un accueil favorable ! Bourdieusiens à deux sous, n’en dites pas plus ! Taisez-vous ! N’en déplaise à Corneille**, à vaincre sans péril, on ne triomphe pas toujours sans gloire. La preuve : aujourd’hui, samedi 19 mars 2022 les député·e·s des partis bourgeois sont encore en train de se mastu… de se congratuler parmi.

La Rédaction. 

*Un concept souvent indéfini, mais ça n’empêche personne de l’utiliser quand même. 

**L’écrivain, pas le chanteur, même si le premier restera inconnu à certaines personnes qui nous lisent, notamment celles ayant fréquenté des hautes écoles de commerce ou la faculté de droit de l’Université de Genève. 

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