Economie

Par souci d’économie, les employés licenciés de Swiss ne seront plus jetés dans le vide en plein vol

Les « crevettes Guisan », comme on les appelle, ne seront plus jetés dans la mer (ou le lac de Genève) en plein vol. Cette désormais ancienne procédure de licenciement, pratiquée notamment chez Swiss et Pilatus, a été jugée trop coûteuse par l’un comme par l’autre. Des méthodes plus classiques, comme l’autodafé ou l’écartèlement, seront utilisées. 

« C’est une page qui se tourne ! », raconte un employé de Swiss qui a réussi à passer, au fil des années, entre les mailles du filet. « Moi-même, j’ai assisté à une dizaine de ‘’dernier vol’’ », ajoute-t-il, « et je ne vous cache pas que j’y ai pris du plaisir ! »

De 2002 à la fin de l’année 2021, plusieurs centaines d’employés de la compagnie avaient terminé au milieu de l’océan Atlantique ou au fin fond de la fosse des Mariannes, ceci en raison de leur mauvaise performance au travail. En effet, dans ce qu’elle avait toujours considéré comme un programme managérial visant à susciter leur motivation, Swiss promettait à ses collaborateurs de les envoyer « au septième ciel » ou, à l’inverse, « six pieds sous terre », en fonction de leurs résultats annuels. Ainsi suffisait-il de prendre son service en méforme ou d’oublier de saluer un passager pour avoir droit à la « crevette Guisan ». 

« Nous n’avons rien inventé », explique le directeur des ressources humaines de la compagnie aérienne. Les Argentins l’ont fait avant nous, les Uruguayens aussi. Les Français, même, l’ont beaucoup pratiquée sur leurs amis Algériens durant la guerre éponyme. Eux, ils l’appelaient ‘’la crevette Bigeard’’, un nom que nous avons tenu à partiellement conserver en leur honneur ! Une seule différence, peut-être, les Français ont toujours coulé les pieds des collaborateurs qu’ils souhaitaient licencier, dans une bassine de béton, avant de les jeter par-dessus bord. Vous connaissez les Français, ce sont des marginaux, ils ne font jamais rien comme les autres ! »

Le DRH d’ajouter : « Cependant, au fil des années, la pratique est devenue trop coûteuse… D’abord, nous avons envisagé d’arrêter lorsqu’il s’est agi de rationaliser le nombre de personnes embarquées sur nos vols long-courriers. Et puis nous avons trouvé une solution : balancer les collaborateurs depuis la soute ! Ni vu ni connu ! Ils ne prenaient plus aucune place ! En plus, cela nous évitait d’avoir à ouvrir la porte du cockpit en plein vol. Les autres passagers s’étaient, plus d’une fois, plaints du froid et du masque à oxygène ! Mais, finalement, cette nouvelle méthode avait tout de même un coût qui se chiffrait au nombre de bagages que nous ne pouvions pas emporter à cause du personnel que nous devions licencier ! C’est ainsi que nous avons décidé d’arrêter définitivement. »

À partir du premier janvier 2022, plus aucun collaborateur ne sera donc jeté dans le vide en plein vol. De quoi susciter la nostalgie des afficionados du saut en parachute sans parachute et des fans d’aéronautique en tout genre.

La Rédaction. 

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