Dans la lettre de motivation associée à son dossier de candidature à « n’importe quoi, pourvu que ce soit un poste à responsabilité » adressée à la conseillère d’État, Pierre Maudet salue la « gestion exemplaire » du département de cette dernière. Pour lui, ceux qui « jactent » ne sont que des « rageux » ou des « jaloux ».
Tout juste sorti de son coma de deux jours provoqué par l’ingurgitation rapide de toutes sortes d’alcools durant le réveillon, c’est avec stupeur que notre stagiaire a découvert ce matin, dans notre boîte aux lettres, une copie de la lettre de motivation que l’ancien édile du canton de Genève, Pierre Maudet, a adressé en fin d’année à l’actuelle conseillère d’État vaudoise en charge de l’économie, de l’innovation, de l’emploi et du patrimoine (DEIEP) – peu s’en est fallu, d’ailleurs, qu’elle rafle également la responsabilité de toutes les piscines et de l’intégralité des cours de macramé du canton ; le département aurait alors pris l’acronyme de DEIEP+. Associée évidemment à un curriculum vitae, la missive fait montre sinon d’une certaine obséquiosité, à tout le moins d’une grande admiration à l’égard des principes de gestion de la magistrate vaudoise. « Je me reconnais totalement dans vos méthodes », peut-on ainsi lire dans la lettre. « Ne changez rien, ceux qui vous critiquent ne sont que des rageux ou des jaloux », déroule ensuite l’ancien conseiller d’État genevois reconverti dans la tech’ avant de se répandre en poncifs tels que « courage, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ! », « no pain no gain ! » ou encore « crois en toi Isa’, sky is the limit ! »
L’année dernière*, une enquête de la RTS avait pourtant mis en lumière le management jugé brutal ainsi que le manque d’écoute de l’actuelle cheffe du DEIEP. Nous sentant obliger de couvrir cette actualité, nous nous étions alors rendus à son bureau où nous l’avions entendue :
– Foutaises ! avait alors décrié la conseillère d’État. Mes collaborateurs vont très bien ! Tiens, dis-leur toi !
Se retournant vers son secrétaire général – dont elle ignorait encore, après 100 jours passés à la tête de son département, le nom – enchaîné à son bureau :
– Hey Machin, dis-leur que tu vas bien ou je t’en colle une !
Celui-ci, bégayant :
– Je… Je vais bien.
Isabelle Moret se retournant alors vers nous, tout sourire :
– Voyez ! Ils vont bien mes escla… Mes collaborateurs ! »
Cela étant, nous avions été persuadés que ses collègues allaient très bien et nous sommes aujourd’hui convaincus, tout comme Pierre, qu’elle gère ses affaires d’une main experte… Mais peut-être un peu leste.
La Rédaction.
*Oui, ceci est une référence à peine masquée à la blague de tonton : « À l’année prochaine ! » formulée généralement par tous les collègues relous à partir de la mi-décembre de chaque année civile. Puisqu’on pèse dans le milieu littéraire, on s’est permis de la retourner. Lol.
Crédits photos : “Šveices parlamenta apakšpalātas prezidentes oficiālā vizīte Latvijā” by Saeima is licensed under CC BY-SA 2.0. ; Par Nielsackermann — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=96017913
