Cis-tème

Sur les conseils d’hommes blancs et cinquantenaires, elles renoncent à porter des « vêtements provocants »

Dans la localité de Gampel où s’épanouissent vaches d’Hérens et intellectuels féministes, le Grand Conseil des Hommes Blancs a encore frappé. Récit.

Gampel (VS) – Si la localité de Gampel est mondialement connue, ce n’est ni pour ses vaches ni pour la pureté des eaux de ses bénitiers, mais bien pour son usine hydroélectrique de la Pissevache, nommée ainsi en l’honneur de Joseph Pissevache, génialissime inventeur du courant mainstream – l’inverse du courant alternatif – qui, en 1869, pour saluer le train qui allait passer par-là en ne sifflant qu’une fois, pas trois ­­– afin de ne pas perturber la période de repos diurne des villageois-e-s – eut l’étonnante idée de pisser dans un violon pour montrer qu’il s’en foutait totalement que le rail raccordât son pré carré au reste du monde.  

Or, le village souffre d’un manque de reconnaissance vis-à-vis du réservoir d’intellectuels qu’il abrite et qui vient de frapper un grand coup en parvenant à convaincre « un groupe de bonnes femmes hystériques » d’arrêter de « provoquer le monde » en excitant les intégristes de toutes la paroisses  à l’aide d’un arsenal bien plus effrayant que la bombe atomique : décolletés, crop-tops et leggings dont on affirme que, s’ils avaient été lâchés sur ces satanés vietcongs, les Américains auraient gagné la guerre en moins de trois semaines. Mieux encore, dont la rumeur prétend qu’Adolf Hitler aurait eu bien plus peur que les colonnes de Lada déferlant sur Berlin à la vieille de la chute de l’Allemagne nazie. Mais là n’est pas le sujet du jour, nous divaguons. 

Mandaté par le cycle d’orientation de Gampel, un groupe d’experts composés d’hommes blancs, grisonnants, souvent ventripotents et dotés d’une inclinaison non-dissimulée pour les chemises manches courtes à carreaux et aux couleurs écarlates, qu’ils rabattent volontiers sous leur jeans Levi’s élimés, ce groupe d’experts, donc, est parvenu à se débarrasser d’un mal qui ronge ce siècle. On vous voit venir. Non, ils ne se sont pas encore débarrassés de l’écriture inclusive – ce qui ne saurait cependant tarder, étant entendu l’autorité dont ils jouissent en Valais – mais des « vêtements provocants » qui violent vos enfants en invitant leurs professeurs à claquer gaiment une main aimante à l’endroit de leur pot de pêche tout en déclamant « Oh ça vaaaa, c’était pour rigoler. Et pis t’avais qu’à pas t’habiller comme une pute ! ». 

Comment ont-ils réussi là ou des siècles de domination masculine n’ont pas suffi à imprimer durablement le schéma patriarcal dans l’appareil génétique de nos bonnes femmes, nous demanderez-vous alors ? En révisant le règlement interne qui stipule désormais :

« Je vous félicite de vous souvenir de moi en toute occasion, et de conserver les traditions telles que je vous les ai transmises. Je veux pourtant que vous sachiez ceci : le chef de tout homme, c’est le Christ ; le chef de la femme, c’est l’homme ; le chef du Christ, c’est Dieu. Tout homme qui prie ou prophétise la tête couverte fait affront à son chef. Mais toute femme qui prie ou prophétise tête nue fait affront à son chef ; car c’est exactement comme si elle était rasée. Si la femme ne porte pas de voile, qu’elle se fasse tondre ! Mais si c’est une honte pour une femme d’être tondue ou rasée, qu’elle porte un voile ! L’homme, lui, ne doit pas se voiler la tête : il est l’image et la gloire de Dieu ; mais la femme est la gloire de l’homme. Car ce n’est pas l’homme qui a été tiré de la femme, mais la femme de l’homme. Et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme. Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête la marque de sa dépendance, à cause des anges. Voilà pourquoi elle ne portera plus de shorts d’une longueur inférieure à 10 centimètres, mesurable à tout instant par un type qu’on va payer pour ce faire, à partir de la structure vestigiale qu’on appelle le coccyx. ». 

De même que la femme semble avoir été tirée d’une côte de gros porc, celle d’Adam. Le nouvel article 14 du règlement du cycle d’orientation de Gampel semble avoir été vulgairement plagié sur le cervelet d’un babouin trisomique irradié par des années d’exposition à des émissions telles que Touche pas à mon poste. Celui-ci aura néanmoins suffit à inciter les élèves à se couvrir, par magie sans doute.

La Rédaction.  

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