Genève

Une orque qui descendait le Rhône sauvée in extremis après que deux nageurs ont alerté les secours

A Genève, une orque complètement désorientée qui descendait le Rhône a été secourue et prise en charge par le personnel compétent. Celle-ci avait précédemment dévoré un rasta blanc qui venait de sauter du Pont Sous-Terre. 

Apathie sinon indifférence régnaient en cette mi-septembre sur le pont Sous-Terre, au sein d’une foule composée de deux personnes. 

C’était une journée ensoleillée par un beau soleil. Steven* s’apprêtait à prendre son pied en sautant une énième fois dans le Rhône lorsque, soudain, celui-ci jura hilare avoir aperçu une orque totalement désorientée emportée par le courant. C’est alors que, rejoint par son ami Kévin* lequel, tout juste remonté de la Jonction par les rives du fleuve, après un plongeon, et remontant également son short de bain trempé qui laissait transparaître ce qui ne se pouvait, fit état de ce même constat non sans un grand sourire moqueur aux lèvres. 

Nulle place au doute, donc, à l’écoute d’un récit appuyé par deux aussi crédibles témoignages bien avérés : une orque s’était bel et bien égarée dans le Rhône. Du reste, comme le laissait présager l’immense mare de sang qui la suivait à la trace, celle-ci venait de dévorer un humain. Ses chances de survie étaient dès lors engagées puisque les humains qui trainent au Pont Sous-Terre, c’est bien connu, sont à peu près aussi comestibles qu’un pangolin disposé sur les étals d’un marché situé au centre-ville de Wuhan.

Sollicités, les pompiers, faute de chat à sauver dans les arbres, arrivèrent relativement rapidement sur les lieux, de même que deux agents de la police municipale les pouces ancrés, comme à leur habitude, sous leur ceinture de charge s’agissant de faire montre d’une virilité insoupçonnée. Une fois sur place, cette petite team composée uniquement de numéros dix conclut la même chose que nos chers nageurs ! Tous furent en effet d’accord pour affirmer qu’un cétacé de race noire et blanche avait bien été aperçu dans le Rhône et qu’il n’avait rien à y faire puisqu’il avait cela de commun avec les individus couramment renvoyés dans leurs pays au moyen de charters en partance de l’Aéroport de Genève de ne pas être adapté à son environnement. Aussi – et bien qu’il s’agisse d’un détail – tous furent également d’accord d’affirmer que la disparition d’un rasta blanc sur les berges du Rhône était corrélée avec la trainée de sang qui suivait la grosse orque. 

Par égard pour la santé de l’animal, une évaluation de son état fut donc commandée aux plus grands experts en cétacés du canton, à savoir une équipe d’à peu près un biologiste marin, ce dernier mandaté par le vétérinaire cantonal afin de prendre les mesures adaptées pour optimiser les chances de survie du malheureux mammifère, qui selon des sources internes aux sources externes et vice-versa, mesurait près de nonante mètres de long et pesait une bonne centaine de kilos, sinon beaucoup plus.

Ce n’est qu’un peu plus tard dans la journée que la capture du cétacé fut organisée à la hauteur du barrage de Verbois et que « des évaluations plus professionnelles que celles du biologiste marin sus-évoqué furent réalisées afin de prendre toutes les mesures adaptées pour optimiser ses chances de survie », expliqua l’un des sauveteurs à notre Rédaction s’étant empressé de se rendre sur place pour suivre, comme à son habitude, l’information à sa source. Celui-ci, alors, d’ajouter : « Il arrive couramment à des individus isolés d’errer dans des eaux douces de façon volontaire ou involontaire, ou bien au contraire… » 

Au terme de deux longues heures d’efforts comprenant la pause syndicale obligatoire, les secouristes mobilisés réussirent tant bien que mal – et plutôt mal que bien – à sortir l’animal de l’eau. Les trois plongeurs engagés et les sauveteurs manipulant les cordages durent néanmoins s’y reprendre à plusieurs fois pour attirer la bête dans leur piège, en fait jusqu’à ce que l’un d’eux eût la perspicacité de secouer un paquet de chips au paprika pour attirer l’orque fort heureusement à nouveau affamée puisqu’ayant, entre temps, digéré le rasta. Par sa gourmandise, cette dernière finit donc par se laisser prendre et fut soulevée dans un filet tracté par une grue pour être déposée sur une bâche dans laquelle elle fut immédiatement prise en charge par le vétérinaire cantonal. 

Quelques minutes après que l’orque fut mise à terre, le vétérinaire estima que l’état de santé de l’animal n’avait de préoccupant que son surpoids. Celui-ci conseilla alors de l’emmener voir un nutritionniste et constata, en outre, qu’une fois hors de l’eau, l’animal épousait drôlement le galbe d’une nageuse qui aurait fait la une d’un magazine body positive. Ses soupçons se précisèrent lorsque l’orque, soudain prise de pithiatisme se mit à revendiquer son appartenance à l’Administration fiscale cantonale et à renier concomitamment son affiliation au cercle des mammifères marins de grande taille. Dès lors, cela ne fit plus aucun doute pour le vétérinaire cantonal qui se félicita d’avoir découvert matière à recevoir le prix Nobel de quelque chose : les cétacés possèdent des facultés intellectuelles qui dépassent l’entendement et ils parviennent aisément à se faire passer pour des êtres humains, par mimétisme ! 

Ainsi prend fin la péripétie de notre orque. Après un moment d’observation en quarantaine dans un bocal rectangulaire en forme de cube surnommé « aquarium », l’animal fut remis à un zoo marin. Depuis lors, l’orque observe les gens enfermés de l’autre côté de sa vitre. Elle aime particulièrement, d’ailleurs, les considérer d’un air dédaigneux et un peu niais cependant que, au hasard, qui fait souvent bien les choses, un enfant interroge ses parents en leur demandant pourquoi « cette orque ressemble étrangement à une grosse dame. »

Le Stagiaire. (Qui signe son premier article pour la Biturne de Genève. Applaudissements obligatoires !)

*Faute de créativité, les surnoms trouvés ne sont absolument pas fictifs. 

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