Soucieuse de ne pas troubler leurs cycles du sommeil mais surtout d’intervenir durant des heures majorées, la police a attendu cinq heures ce matin avant d’expulser les occupants de l’Université de Genève. L’opération s’est déroulée sans heurts. En même temps cela aurait-il revêtu du miracle que le contraire se produisît.
Uni Mail. Uni Mail outragée. Uni Mail brisée. Uni Mail martyrisée, mais Uni Mail libérée ! Libérée, pour être précis, ce matin à cinq heures par nos vaillantes forces de l’ordre qui, ne voulant pas interrompre leurs cycles du sommeil et préférant du reste les heures majorées à celles de bureau, sont intervenues afin de déloger les dangereux occupants·tes pacifistes appelant au cessez-le-feu en Palestine. Une intervention nécessaire et juste, tant la violation de domicile du bâtiment Uni Mail était devenue insupportable pour ce dernier qui ne pouvait même plus passer la nuit tranquille, c’est-à-dire sans que des fâcheux punks salissent son précieux sol et que des banderoles insupportables – pour qui n’aurait pas la force d’ouvrir un livre d’histoire ou d’écouter les arguments d’individus modérés favorables à une solution à un État où tout un chacun serait traité d’égal à égal – écornassent ses beaux murs immaculés, comme la Conception.
« Nous avons agi après nous être assuré qu’ils avaient tous bien fumé leur joint et qu’ils étaient tous endormis comme de loirs. En effet, on ne sait jamais avec ces gauchistes ! Il y en a qui mordent, d’autres qui griffent et certains même qui sont porteurs de la gale et qui pourraient nous la refiler si nous entrions en contact avec eux ! », détaille ainsi un policier présent durant l’intervention. « D’ailleurs, c’est pour éviter qu’ils nous jettent directement des poux ou des punaises de lits que nous les avons menottés avant de les embarquer », ajoute ce dernier. « Bah ouais, qu’est-ce que vous croyiez !? Que des gamins incapables de porter quelque chose de lourds nous faisaient peur ? », questionne également l’agent des forces de l’ordre. Ce dernier du reste d’insister sur la proportionnalité des moyens employés afin de déloger les occupants·tes d’Uni Mail, ou plutôt les « terroristes en herbe », comme il les qualifie lui-même, présents·tes sur les lieux pour défendre la Palestine libre. Après tout, ce n’est pas comme si une direction socialiste du département des institutions et du numérique (DIN) aurait pu orienter l’intervention des douze paniers à salade – et d’un nombre idoine d’agents·tes – de sorte à ne pas ressembler à une intervention des Navy Seals pour zigouiller Oussama Ben Laden. En effet y a-t-il bien longtemps que les socialistes, lorsqu’ils sont au pouvoir, ne défendent plus les mouvements populaires. Plus précisément une trentaine d’année, comme l’expliquent notamment Sarah Nicolet et Pascal Sciarini.
La Rédaction.