Economie

« J’ai une amie coiffeuse qui possède un écran 4K » : Amaudruz, de Montmollin, Lüscher, Maitre et Nidegger expliquent pourquoi ils ont torpillé le salaire minimum genevois

Où va l’argent des pauvres ? Dans des écrans 4K, selon les conseillers nationaux genevois de droite. Or, du fait de cette gestion calamiteuse de leurs finances, il vaut mieux qu’ils n’aient pas trop d’argent. 

Alors que le début de cette semaine était marqué par la découverte impromptue de sacs de billets chez plusieurs députés du Parlement européen, rien de tel n’a été retrouvé chez Céline Amaudruz, Christian Lüscher, Simone de Montmollin, Yves Nidegger et Vincent Maitre et c’est d’ailleurs bien normal. En effet, si Eva Kaili et compères défendent les intérêts du Qatar contre rémunération, les conseillers nationaux précités n’ont pas besoin d’argent pour que leurs intérêts soient naturellement alignés sur ceux des patrons, a fortiori de ceux qui pratiquent la sous-enchère salariale sans laquelle – ô les pauvres ! – ils ne pourraient survivre dans cette jungle économique parsemée de pièges et d’embuches mais néanmoins paradoxalement défendue par eux-mêmes. « Cela relève presque de la magie ! », s’étonne ainsi un quidam. « À chaque fois qu’il s’agit de mieux répartir les richesses, de renforcer les minimas sociaux ou, plus généralement, d’aider les gens normaux, on dirait qu’on insulte leur mère et tous se sentent obligés de monter au créneau pour torpiller le projet. C’est fou quand même ! »

Dernier exemple date : la motion Ettlin – du nom d’un péquenaud du canton d’Obwald – qui vise à faire primer les conventions collectives de travail (CCT) sur le droit cantonal. Alors même que, dans sa grande bonté, le peuple Genevois – dont ils se revendiquent et tirent d’ailleurs leur légitimité – avait décidé d’accorder un salaire minimum aux travailleurs et travailleuses de son canton, les conseillers nationaux genevois de droite ne se sont pas privés de le leur retirer. « J’ai une amie coiffeuse qui possède un écran 4K, vous trouvez ça normal vous ? », justifie Céline Amaudruz (UDC). « Moi aussi ! », ajoute Christian Lüscher (PLR). « Moi aussi ! », triple Simone de Montmollin (PLR). « Moi aussi ! », abonde Vincent Maitre (Le Centre). « Moi aussi ! », quintuple Yves Nidegger (UDC). « Or, je refuse que les 25 francs de mon dégradé saignant finissent dans une télé quand ils seraient mieux investis par moi-même dans quelque fonds de pension ! », souligne ce dernier.

Les employés de salons de coiffure ne sont toutefois pas les seuls pauvres qui, selon les cinq gulus susmentionnés, ne savent pas gérer leur argent. « Mon électricien est joueur ; mon caissier qui, visiblement, hait les riches puisqu’il ne me dit pas bonjour, achète de la drogue et ma femme de ménage possède le dernier IPhone 14 ! », redouble Christian Lüscher. « Sans compter leurs dépenses en vêtements de qualité douteuse qui ne proviennent même pas de chez un tailleur italien ! », complète Vincent Maitre. Tous affirment, en somme, que les indigents ne sont pas dignes de jouir de leur argent puisqu’ils en font généralement très mauvais usage quand ils ne le jettent tout simplement pas par les fenêtres. Voilà qui explique le fait de leur cracher littéralement au visage dans un des endroits les plus chers du monde.  

La Rédaction. 

Crédit photo : https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/abstimmungen/abstimmungs-datenbank-nr

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