L’illectronisme des enseignant·e·s du canton de Genève est « trop élevé », juge la commission des travaux du Grand Conseil. Priorité n’est donc pas à l’achat de nouveau matériel, mais à la formation des profs’. Ceux-ci doivent apprendre à se servir de leur smartphone sans utiliser leur index.
« Ils y pigent que dalle ! », fustige un élève de onzième du cycle d’orientation du Marais (Onex). « Alors pourquoi c’est eux qui nous apprendraient à utiliser un ordi !? », blâme le jeune homme. La question est plus que jamais d’actualité puisqu’un potentiel crédit d’investissement en matériel numérique, destiné à nos chères têtes blondes, vient tout juste de passer sous les fourches caudines de la commission des travaux du Grand Conseil genevois.
À la place, la commission recommande « d’inciter », voire « d’obliger » les enseignant·e·s à suivre des cours de rattrapage en matière de numérique, sous peine de pénalités salariales. « La plupart d’entre eux sont totalement dépassés par les progrès de la technologie », peut-on ainsi lire dans le rapport, lequel brosse un portrait au vitriol de l’illectronisme numérique de l’ensemble des enseignants de la fonction publique, notamment celui d’un prof de maths qui aurait essayé, une heure durant, de Airdrop une photo à son rétroprojecteur ; mais aussi celui d’une enseignante de français qui se serait mise à produire des vidéos TikTok très gênantes sur les grands auteurs des XIXe et XXe siècle ; ou encore celui d’un prof de gym ne sachant pas utiliser ses pouces pour se servir de son smartphone.
« Le chantier est énorme ! », décrit ainsi la commission. « Mais tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ! », conclut le rapport. La commission recommande également que les cours destinés à rattraper le retard des enseignant·e·s en matière de numérique soient organisés par les élèves eux-mêmes…
À cet égard, « nous devons aussi penser à l’usage des deniers publics », précise Pierre Nicollier, vice-président de la commission de l’enseignement, de l’éducation, de la culture et du sport et député libéral-radical. « Or, n’en déplaise aux mauvaises langues », ajoute ce dernier, « en matière de numérique, les enfants sont, d’une part, une main d’œuvre qualifiée et, d’autre part, constituent une ressource moins coûteuse qu’un stagiaire défrayé à qui l’ont doit également acheter une tente Quechua pour qu’il s’y loge ! » De carrément se réjouir : « en fait, le calcul est plutôt simple : les enfants, il n’y a même pas besoin de les payer ! »
Si l’on en croit le député libéral-radical, nul besoin, donc, du crédit d’investissement en matériel électronique. La littératie numérique, les élèves se la servent eux-mêmes et la serviront bientôt sans doute à leurs profs’ ignorants.
La Rédaction.
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