Culture

Anne Emery-Torracinta souhaiterait mieux préparer nos enfants à vivre leurs futurs burnouts

Le cycle d’orientation devrait former nos enfants à accepter leurs futures dépressions liées au monde du travail. Pour cela, les costumes trois-pièces, les horaires insoutenables et la consommation de stupéfiants seraient des éléments essentiels qui permettraient à nos chères têtes blondes de réussir plus certainement dans la vie que de porter un t-shirt troué ou de découvrir son nombril.

Drôle de défilé, ce matin, qui n’est pas sans rappeler l’effervescence journalière de la City londonienne durant les heures de bureau. En effet, des chauffeurs privés déposent, les uns après les autres, des enfants de douze à quinze ans habillés sur leur trente et un : costumes trois-pièces Givenchy pour les hommes et jupes réglementaires pour les femmes. Non, nous ne sommes pas à l’école internationale ni au collège Bénédict, mais bien au New CO Pinchat, celui qui, sous les assauts répétés de la boss du DIP, a dû adopter une politique vestimentaire plus stricte mais surtout plus conforme aux attentes du marché de l’emploi. 

Fini donc les décolletés plongeants où vos professeurs ne peuvent s’empêcher de réaliser un triple salto avant de réaliser également que vous avez douze ans et qu’il leur est impossible de concrétiser leurs fantasmes sans risquer le tribunal ; fini également le « t-shirt de la honte », trop large et informe, pas assez taillé sur les règles qui définissent les relations de travail, sociales et sexuelles entre les individus ! Désormais, c’est tout le monde à la même enseigne et elle se nomme LVMH. Car le monde est impitoyable à qui ne porterait pas une Rolex à partir de sa vingt-cinquième année ; à qui n’entrerait pas en possession d’un SUV 4×4 Porsche Cayenne à ses trente ans ; ou encore à celui qui aurait raté sa vie en devenant, par exemple, infirmier ou – pire ! – assistant social. Anne Emery-Torracinta le sait : le succès se mesure à l’aune de l’apparence dont les produits que vous arborez à peine ostensiblement définissent votre position dans l’échelle sociale. 

Ainsi, le CO Pinchat, hier encore entaché du scandale du « t-shirt de la honte » est devenu le théâtre d’une expérience pilote qui vise à tester la corrélation entre le port du costard – respectivement de la jupe – et la réussite sociale. L’expérience, réalisée sur un échantillon représentatif de 1200 gamins, prévoit de suivre ces derniers dans leur parcours scolaire sur un période de quinze ans. En partenariat avec Givenchy, la fondation Hans-Wilsdorf et d’autres marques de luxe qui préfèrent rester discrètes, il sera notamment testé et vérifié dans quelle mesure les vêtements influencent le parcours professionnel des enfants et si, habillés d’une manière décente, ceux-ci parviennent à mieux gérer le burnout qui les attend dans l’environnement concurrentiel du marché du travail. Quant aux parents, ceux-ci auraient d’ores et déjà reçu des sous du DIP pour conserver le silence. 

La Rédaction. 

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