A l’instar de la Suisse, la France réagit au gré des victoires, des défaites et des nuls de son équipe. Ce matin, plus d’une centaine de nouveau-nés avaient déjà été prénommés « Karim ».
Lorsque la Suisse se prend une rouste face à l’Italie, on accuse les étrangers de service de ne pas avoir chanté assez distinctement les paroles qui nous unissent, dans la victoire parfois, mais bien plus souvent dans la défaite. Lorsque la France réalise une contre-performance, son attaquant de pointe est pointé du doigt par les Jean Messiah de service et accusé de bafouer les idéaux républicains sur lesquels il cracherait comme Bukoswki, sans le moindre égards, sur la tombe du premier mortel qui aurait la malchance de croiser son sourire goguenard lors de sa balade hebdomadaire dans le cimetière des Rois.
Dénominateur commun de ces deux attitudes face à la défaite : les hommes n’aiment pas perdre. Enfin, surtout ceux qui passent plus de temps à palabrer sur les autres qu’à entreprendre de poser cette bière qui leur colle à la main pour reprendre prise sur leur vie de chômeur en slip arrimé au canapé élimé qui leur sert de lit, bureau, douche et, bien trop souvent, nous le déplorons, garde-manger, étant entendu le nombre de miettes nichées dans les recoins de ce dernier.
Suisses, Français, Néerlandais, Toumbouctien et Bangladais seraient ainsi mus par cette même dynamique en dent de scie. Or, le « nul » arraché hier soir par la France face au Portugal de Penaldo aurait été très bien accueilli par le peuple de Gaule. Par voie de conséquence, le double buteur, Karim Benzema, a été unanimement encensé par les médias et serait devenu un tel symbole nationale qu’une statue à son effigie serait envisagée en lieu et place de toutes les représentations de Jeanne d’Arc. Aussi, le prénom « Karim » aurait d’ores et déjà été donné plus de 95% des nouveau-nés ayant vu le jour entre hier soir et ce matin. Le racisme, pour sa part, aurait totalement disparu de France et il ferait actuellement très bon de se balader avec une barbe de type salafiste dans les rues de Paris.
Si l’on se réjouit de ces bonnes nouvelles, on attend cependant le prochain match de la France, lundi, face à la Suisse, pour observer comment évoluera l’attitude des citoyens des deux pays. Et alors que le prénom « Xherdan » devrait être décrié dès mardi matin par nos éminents spécialistes du ballon rond, l’on se réjouit d’un match qui devrait raviver les passions d’une certaine coupe du Monde 2014.
La Rédaction.
Illustration : « Karim Benzema » by Nathan Congleton is licensed under CC BY-NC-SA 2.0
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