Politique

La sécheresse fait resurgir les vestiges des idées de gauche du PS

De la Suisse en passant par la France, la sécheresse a récemment dévoilé des vestiges d’une époque aujourd’hui révolue où le parti socialiste défendait des idées de gauche. De quoi inspirer, sans doute, les candidats aux élections exécutives et législatives genevoises, qui, sauf coup d’état de Pierre Maudet dans l’intervalle, devraient se tenir en 2023. 

J’occupe actuellement un poste à très haute responsabilité au sein du gouvernement d’un petit pays situé au centre de l’Europe continentale. Je suis membre depuis des années du plus vieux parti de Suisse, fondé en 1888. Je suis chauve, mais néanmoins vachement bogosse. Je peux d’ailleurs emmener n’importe laquelle de mes conquêtes au septième ciel car je possède un brevet de pilote dans les règles nonobstant ce qu’en pensent les autorités françaises. Je suis ? Je suis ? Alain Berset, bingo ! Partant, je suis également le digne héritier d’une tradition toute socialiste : la trahison. 

Dernièrement, j’ai trahi une nouvelle fois. Bon ce n’est pas grand-chose après tout, car j’ai uniquement trahi les femmes en soutenant un projet de réforme qui vise à les faire bosser une année de plus. Quoique… J’ai peut-être trahi plus largement finalement… Les classes populaires notamment. Celles pour lesquelles l’augmentation de 0.4% de la taxe sur le valeur ajoutée (TVA) inscrite au même projet de réforme pèsera aussi certainement sur le porte-monnaie que l’insupportable Elon Musk pèse dans le monde des affaires.  

Et pourtant, ces gens-là, ceux qui tous ensemble possèdent moins de privilèges que Peter Brabeck et Spuhler réunis, je suis censé les défendre ! Enfin, c’est du moins ce qui a présidé à la création de mon parti… Sauf que, vers la fin des années 80 et, concomitamment, vers le début de la décennie suivante, mon parti et moi-même avons renié nos valeurs et transigé avec un truc contraire aux intérêts de ceux que j’entendais représenter : le libéralisme. Il s’en est alors suivi un profond ressentiment chez nos électeurs qui, pour bon nombre, ont décidé d’orienter leur vote vers un parti plus populaire, voire même totalement populiste, lequel, s’il n’entendait proposer aucune solution concrète aux problématiques sociales, entendait néanmoins en rejeter la faute sur des têtes de turc – et des têtes en provenance d’autres pays, aussi. Ainsi, magie opérant, était-il écrit que ce parti, agrarien, s’attirerait les faveurs d’une partie de notre électorat laissé totalement à l’abandon.

Mais voici enfin une bonne nouvelle ! Oui, car le réchauffement climatique auquel j’ai participé en souscrivant au principe d’une production marchande incontrôlée et incontrôlable qui, au surplus, me persuadait que, en produisant suffisamment, elle ruissellerait un peu sur mes braves concitoyens ; ledit réchauffement, disé-je, vient d’assécher les cours d’eau au fond desquels gisent depuis maintenant presque trois décennies – façon prisonnier politique aux pieds coulés dans le béton puis jeté au fond d’une rivière par des militants de l’OAS – les idées socialistes que je pensais à jamais perdues ! Ô heureux hasard néanmoins bienvenu, car je vais, si l’envie conjointe d’espérer convaincre à nouveau et de gagner me prend, je vais pouvoir m’en inspirer pour tenter de reconquérir la confiance des électeurs déçus par les promesses non tenues du… Oserai-je le vilain mot ? Oh et puis tant pis ! Du capitalisme, lui et sa méchante manie à paupériser ceux qui n’ont aucun moyen de faire entendre leurs belles voix tandis qu’il distribue aux actionnaires du CAC 40 méritants les 44.3 milliards d’euros de dividendes qui manquent aux caisses publiques. Amen !

La sécheresse, en somme, est un désastre écologique. Or, s’agit-il peut-être de la fin d’une longue traversée du désert et, comme disent les start-uper qui l’ont convaincu jadis, d’une opportunité politique pour mon Parti socialiste ? 

La Rédaction. 

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