Une pizza jugée non pas « dégoutante » par les édiles du parti agrarien, mais « trop exotique » pour faire partie des biens offerts dans les magasins d’alimentation helvétiques.
Les horreurs, il en existe de toutes sortes : celles de la guerre comme les gueules cassées ou les jambes arrachées ; celles de l’amour, comme la chaude-pisse ou quelque forme de blennorragie qu’il soit ; enfin, il existe aussi bon nombre d’horreurs culinaires qui sortent des fast-foods comme des restaurants de chefs étoilés lorsque ceux-ci sont au bord de perdre leur étoile ou de s’ôter la vie.
Pourtant, il est une horreur dont on ne connaît pas la provenance mais au sujet de laquelle l’UDC possède – comme pour tout bon ultracrépidarien qui se respecte – sa théorie. Cette horreur, c’est la pizza ananas qui est à l’art culinaire ce que Jean-Marie Bigard est à l’humour : bon – enfin, cela reste à prouver – avant qu’on y ajoute une pointe d’exotisme – de racisme, pour JMB.
Pour les élus UDC, la pizza ananas serait à la Suisse ce que la viande hallal est à la France : une tentative de diverses minorités regroupées sous le nom d’Arabes ou de population-pas-de-chez-nous pour imposer leur soft power culinaire avant leur tentative de coup d’état. Mécontent de ces velléités politiques rapidement prêtées à toutes les choses qui ne seraient pas des caquelons de fondue ou des chemises d’armailli, l’UDC a donc débuté une véritable chasse à l’exotisme partout en Suisse. On vous fait une liste non exhaustive des objets que n’aime pas l’UDC parce que jugés trop exotiques :
- Simonetta Sommaruga : un nom et un prénom à consonances étrangères qui provoquent régulièrement des aigreurs d’estomac aux paysans schwytzois ;
- Les minarets : interdits de construction, fort heureusement, par notre peuple bienveillant le 29 novembre 2009 ;
- Les voiles : pas le restaurant-bar à richtos près du lac de Genève, mais ceux des touristes saoudiennes qui viennent dépenser leur maigre pécule dans les boutiques de luxe genevoises, l’été, tandis que nous trimons dans des jobs précaires.
Or, en passant ce matin à la coopérative, un militant qui préfère rester anonyme s’est interrogé sur la légitimité des pizzas ananas. Le mélange du jambon et de ce fruit exotique ne fût-il pas une atteinte au bon goût, il serait néanmoins une atteinte aux mœurs helvétiques. C’est pourquoi, en rentrant chez lui, le bon citoyen qu’il est a tout de suite contacté le comité d’Egerkingen pour lancer une initiative populaire. Le verdict se jouera dans les urnes, comme dirait Pierre Maudet.
La Rédaction.
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