Car un tampon gratuit c’est un emploi en moins, à tout le moins un marronnier officiel à abattre pour bouter le feu à la sorcière qui oserait prétendre à la gratuité des produits d’hygiène féminine.
Quelques semaines après l’adoption d’un texte visant la gratuité des produits périodiques en Ecosse, notre Rédaction a interrogé un élu PLR pour obtenir son point de vue sur l’introduction d’une mesure similaire sur le sol helvétique. La réponse, sans surprise, est également sans équivoque : la gratuité des tampons et serviettes hygiéniques, si elle était adoptée, menacerait la prospérité économique de la Suisse.
En effet, imaginez des centaines de milliers de femmes non plus préoccupées par le financement de leur protections menstruelles, mais par des études, des passions diverses ou, pire, des activités non-rémunérées ! Hérésie. Car, tout comme n’importe quel individu, celui ou celle qui ne vend pas son temps contre des activités productive est un maillon inutile du rouage de la grande machine économique. Une force productive utilisée à très mauvais escient. Un parasite tout au plus.
Imaginez aussi le nombre d’emplois « détruits » par la gratuité des produits menstruels ! Qu’il s’agisse du fonctionnaire payé à refuser les demandes d’aides sociales ; qu’il s’agisse également des ouvriers chinois qui bossent assidument à la préparation des substances inconnues imbibées sur les produits hygiéniques, un tampon gratuit, c’est un emploi qu’on tue ! En Chine, c’est donc une famille qu’on jette à la rue ; une famille qui, comme le montre très bien le film Parasite – ouais c’est en Corée mais bon… – ira phagocyter une autre cellule familiale plus prospère – ce qui est tout bonnement inacceptable, eu égards à la structuration de la société selon laquelle une famille plus aisée ne devrait jamais avoir à souffrir les regards envieux et jaloux de foyers plus modestes, ni même à croiser leurs pitoyables chemins tracés sur des sentiers battus mal entretenus.
Imaginez enfin que l’on accorde aux femmes une réduction ne serait-ce que sur la TVA des protections menstruelles. Et que cela augmente réellement leur pouvoir d’achat. Une femme qui ne paie pas son dû c’est une femme qui utilise des sextoys. Or, c’est une sorcière. Les sorcières doivent finir au bûcher. Dieu sait qu’on a déjà assez abattu d’arbres pour pas grand-chose. Alors si on devait encore écouler les beaux marronniers de nos forêts tempérés, qu’adviendrait-il de nos montagnes et des îlots de chaleurs en ville de Genève ? Ce serait l’anarchie tout simplement !
Tout ça pour dire que les points d’achoppements entre la gratuité des produits menstruels et les effectifs du parti Libéral-Radical sont, à l’instar des illusions que ceux-ci entretiennent au sujet d’une société méritocratique où chacun serait libre de monter et descendre l’ascenseur social en vertu de la détermination de son travail, nombreux, et qu’il n’est pas encore l’heure où l’imagination des élus bourgeois bourgeonnera sur la question de la gratuité des produits menstruels. Dans quelques printemps peut-être… Ou peut-être lorsque les printemps auront passé en nombres suffisants pour que ceux-ci s’en aillent manger les pissenlits par la racine ?
La Rédaction.
Commentaires récents