Un stagiaire de la Ville de Lancy a observé lui-même l’utilisation effective des accoudoirs installés sur le banc de l’arrêt de tram « Lancy-Mairie ». Chiffres à l’appui, il conclut que 0% des sdfs qui se sont assis sur ledit banc ont tenté de s’allonger.
Maxime* est le stagiaire de la Ville de Lancy. Il est, pour ainsi dire, l’homme à tout faire de la commune, dont tout un chacun peut se saisir lorsqu’il veut qu’un petit boulot soit réalisé illico presto. Ainsi, qu’il neige, qu’il vente, que la Ville soit envahie par des chars russes, Maxime est dédié corps et âme à sa besogne, qu’il effectue sans broncher tant il sait qu’après un triple master en sociologie, relations internationales et sciences politiques, ce stage reconductible tous les six mois, qu’il a décroché grâce à l’ami d’un ami, lui octroie une place privilégiée dans l’espace social.
Dans son cahier des charges, Maxime possède une mission principale : attester des opinions de ses collègues en réalisant des études qui confirment leurs points de vue. Au compteur de Maxime, on retrouve ainsi toute une palette d’enquêtes éminemment scientifiques parmi lesquelles : « De la probabilité qu’un chat tombe d’un arbre et se blesse s’il n’est pas secouru au bout d’une demi-heure » ; « Du rôle essentiel du niveau de grain dans la machine à café des conseillers administratifs pour assurer leur productivité » et, dernière en date, une étude intitulée : « De l’utilisation effective du mobilier urbain de l’arrêt de tram Lancy-Mairie », qui conclut que le triple accoudoir installé sur le banc n’est en aucun cas destiné à déplacer le « phénomène sdf » un peu plus loin, mais sert essentiellement aux personnes âgées pour se relever.
Pour arriver à cette conclusion, Maxime a passé plus d’une année à observer l’utilisation de ce banc depuis le sommet d’un arbre adjacent où il avait pris ses quartiers. Les chiffres de ses observations parlent d’eux-mêmes :
- 100% des sdfs qui se sont assis sur le banc se sont relevés sans utiliser les accoudoirs ;
- 0% des sdfs qui se sont assis sur le banc ont essayé de s’allonger ;
- 24% des personnes âgées qui se sont assises sur le banc se sont aidées d’un accoudoir pour se relever ;
- 3% des personnes âgées qui se sont assises sur le banc n’ont jamais pu se relever et sont décédées suites de complications (p.ex. se coincer entre le banc et la vitre, de faim et de soif après qu’elles ont appelé en vain à l’aide, etc.)
« Les faits sont là ! », rappelle Maxime à la fin de son papier que nous nous sommes procuré pour les besoins de cet article. De conclure, à la dernière page de son rapport d’enquête, « wallah ». Bon… S’il a dit wallah…
La Rédaction.
*Nom d’emprunt
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