Culture

Un nihiliste repousse son suicide après qu’il a découvert l’absence de sens de son geste

Aucun sens, aucun but, une existence aussi vaine que d’essayer de démontrer le bien-fondé de la théorie du ruissellement. Ce nihiliste continuera de vivre dans la droiture malgré ses penchants suicidaires.

Il est lundi matin. Le boulot appelle tout bon Suisse qui se respecte s’il ne veut pas passer pour un fainéant aux yeux de ses pairs. Pourtant, Francis a un tout autre projet. Nihiliste depuis qu’il a dévoré l’intégralité de Nietzsche et que son maître à penser David Graeber est décédé aux portes de la sérénissime, Francis a décidé de mettre fin à ses jours. 

Pour cela, il n’a plus qu’une option depuis que le Pont-Butin lui a été enlevé : Le train ; et plus précisément la gare de Nyon, géographie populaire à bien des égards pour s’ôter la vie. La faute, sans doute, à l’absence de sens de séjourner à mi-chemin entre Genève et Lausanne. Sur les quais de la gare Cornavin, donc, il s’aperçoit bientôt que son train est annulé. Le manque de conducteurs l’oblige également à attendre une heure pour monter dans le prochain wagon à destination de la mort. C’est alors qu’il se questionne : « Francis, toi qui es rompu à la loi du moindre effort, que fais-tu ? Mettre fin à tes jours n’est-ce pas donner un sens à ceux que tu as déjà vécu ? ». Le questionnement est profond et l’occupe tout le temps du trajet qu’il a à effectuer pour se rendre dans la ville la plus rapide du monde. 

Francis, toi qui est rompu à la loi du moindre effort, que fais-tu ?

À présent sur le quai, il croise des myriades de jeunes entrepreneurs dynamiques dont l’apparence le dégoute tout autant que l’odeur d’après-rasages Gillette qu’ils dégagent. Il se plaît alors à imaginer une fourmilière : Des centaines, des milliers de personnes semblables qui empruntent tous les jours les transports sans s’emprunter du moindre égard envers leurs semblables. L’enfer c’est les autres et personne ne veut goûter aux problèmes d’autrui. Francis ne suscite donc l’étonnement d’aucun quidam lorsqu’il prend son élan et se… S’arrête juste avant de… Il comprend alors qu’il a trouvé la motivation de faire quelque chose. Le sens dont son geste serait dépourvu l’arrête. Énergie négative transformée en action. Paradoxe pour un nihiliste ; mais paradoxe qu’il compte exploiter pour réaliser ce dont il a toujours rêvé : Pousser les autres à découvrir le non-sens qui se cache notamment dans le fait de demander à des jeunes femmes de se couvrir d’un t-shirt pour délit de nombril.

La Rédaction.  

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