Tennis

Il finit aux soins intensifs après avoir déclaré qu’il n’en avait strictement rien à faire du départ à la retraite de Federer

Un jeune homme de vingt ans a déclaré, hier, qu’il s’en tamponnait littéralement le coquillard de ce qu’un milliardaire prenne sa retraite. Provoquant de fait l’irritation d’un groupe de passionnés du résident de Dubaï, le jeune homme a été violemment battu avant d’être pris en charge par les secours. Si ses jours ne sont plus en danger, les HUG ont cependant déclaré qu’ils ne le secourraient pas une seconde fois s’il osait à nouveau insulter la mémoire du néo-rentier de l’AVS.

René* n’est d’ordinaire pas un jeune homme à s’attirer des ennuis. En témoigne le rythme relativement peu soutenu de son quotidien : son réveil à sept heures, son arrivée au boulot à huit, la descente de son premier café à huit et cinq minutes et l’entame de sa journée au service de la cohésion sociale de l’État de Genève sur le coup des dix heures et demie lorsque son PC s’est enfin allumé. Poursuivant sa journée avec le même élan, c’est avec le sentiment du devoir accompli qu’il quitte alors sa chaise de bureau aux alentours de dix-sept heures et se rentre par le chemin exactement inverse de celui qu’il avait emprunté le matin même. Arrivé chez lui, le plus souvent il se cuisine alors des pâtes au beurre tandis que les soirs qu’il y a quelque chose à fêter, comme la mort de la Reine d’Angleterre, René s’autorise à commander quelques sushis ou un hamburger confectionné par son enseigne préférée, locale et approvisionnée en viande par un boucher respectueux des animaux lorsqu’il leur surine le crâne avec son pistolet d’abattage.

Autant dire, donc, que René n’avait aucune raison de se retrouver aux soins intensifs ce vendredi soir, alors qu’il profitait de ses deux jours de congé hebdomadaires pour s’en jeter une petite avec quelques amis dans un débit de boissons sis Rue de l’École-de-Médecine, à Genève. Contre toute attente, c’est ce qui arriva néanmoins. En en apprenant la cause, d’aucuns diront qu’il y a été envoyé à juste titre. D’autres, pacifistes jusqu’à ce qu’ils rencontrent un certain Philippe N. au détour d’une ruelle un soir de Nuit des étoiles, condamneront, pour leur part, intégralement le passage à tabac. Toujours est-il que, à vingt-trois heures trente très précises, alors qu’il éclusait la fin de sa bière blanche en s’écriant : « Rooooh arrêtez maintenant, on s’en bat les couilles de Federer ! » au milieu du bar dans lequel il se trouvait et où, s’est-il avéré, se trouvaient de nombreux fans du joueur de tennis, René fut violemment pris à parti…

La suite, vous la connaissez déjà. Fragile, pour ne pas dire complètement lâche, René accueillit tous les coups qui lui furent envoyés dans l’estomac, le visage et même le derrière sans jamais pouvoir en rendre aucun. Arrivés sur les lieux quelques minutes après le drame, les ambulanciers – des fans de Roger également – refusèrent d’abord d’embarquer le pauvre René. Ces derniers prirent néanmoins pitié lorsque le blessé cracha du sang sur leurs godillots. C’est ainsi que, dix minutes plus tard, René passait sur le billard pour tenter de sauver ce qui pouvait encore l’être de ses organes vitaux et, par conséquent, sa vie.

Or, sans l’intervention de Roger lui-même qui, magnanime, s’envola directement pour Genève une fois sa dernière rencontre achevée, René était perdu ! En effet, en raison de la gravité de ses blessures, les plus brillants spécialistes abandonnèrent très vite tout espoir de sauver le jeune homme. C’était ignorer l’éclectisme des talents du tennisman qui, en arrivant au chevet de l’agressé auquel on prodiguait déjà les derniers sacrements, plongea sa sainte main dans les viscères du blessé et prononça quelques mots dans une langue que ne comprennent que les Dieux. Deux minutes plus tard, lorsqu’il la retira complètement immaculée du ventre de René, ce dernier était sauvé et lui demandait pardon de n’avoir pas lui aussi lui avoir voué un culte durant toutes ces années. Miséricordieux, son Sauveur lui pardonna. Roger fit toutefois promettre à René de ne pas recommencer à douter de sa grandeur ; ce que promit le pauvre diable tandis que Roger s’envolait déjà pour éradiquer les guerres et la faim dans le monde. 

Ainsi, tout est bien qui finit bien. La direction des Hôpitaux universitaires de Genève a toutefois communiqué qu’elle ne prendrait plus en charge les personnes qui se font rouer de coups cependant qu’elles se permettent de critiquer notre Seigneur à toutes et tous. Un conseil donc : assurez-vous de pouvoir vous défendre la prochaine fois que vous oserez parler mal de Roger. 

La Rédaction.

*Nom d’emprunt. En revanche, René occupe actuellement la chambre 304 des Hôpitaux universitaires de Genève.

Crédit photo : “Roger Federer” by y.caradec is licensed under CC BY-SA 2.0.

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