Société

Toujours pas de « salaud de riche » dans le lexique du Petit Robert

Comme chaque année depuis qu’Alain Rey n’est plus là pour les empêcher de partir en steak, le Petit Robert fait le plein de nouveaux mots. Si le dictionnaire accueille aujourd’hui des mots tels que « gênance » ou « babtou fragile », l’absence cette année encore du tant attendu « salaud de riche » n’a pas manqué de faire réagir et de soulever la question qui taraude le peuple : Les riches feront-ils un jour suffisamment de superprofits pour mériter un vocable les désignant tels qu’ils sont ?

Cette année encore, Mireille est à la fois satisfaite et complètement dépitée par les nouveaux mots intégrés dans le Petit Robert. Satisfaite dans la mesure où, grâce à l’intégration du mot « wokisme » dans le dictionnaire, elle peut enfin contredire ses enfants lorsque ces derniers affirment qu’il est un mot-valise, un fourre-tout pour dénigrer sans même avoir à discuter ou à débattre le bien-fondé d’une revendication ou d’une action quelque peu radicale sortant parfois du cadre de la légalité mais néanmoins associée à des principes moraux et matériels plus grands comme la justice sociale ou l’écologie. « Il était temps que nous appelions enfin un chat un chat, et en l’occurrence un woke un woke ! », exulte ainsi Mireille, grande fan des éditoriaux de Laure Lugon dans le Temps. 

Mais Mireille est également dépitée et voilà pourquoi : bien que sa condition d’affreuse et vieille bonne femme réactionnaire explique son attachement à la reconnaissance du « wokisme » dans le dictionnaire, elle ne comprend toujours pas pourquoi certains individus tout aussi problématiques que les « wokes » ne bénéficient pas de leur appellation dans le lexique. Quels individus ? Mireille veut bien entendu parler des riches qu’elle abhorre de la tête aux pieds parce qu’ils refusent de partager alors qu’elle-même doit se serrer la ceinture. C’est d’ailleurs son seul point commun avec ses enfants que de reconnaître la nécessité d’ajouter « salaud de riche » dans le dictionnaire ! Il faut cependant croire que, contrairement à Mireille et à ses marmots élevés dans la plus stricte haine de la réussite grâce à un travail acharné, tout le comité de rédaction du Petit Robert n’épouse pas la logique infaillible et irréfragable selon laquelle ceux qui font des profits et, a fortiori, des superprofits, sont des salauds. Hélas…

La Rédaction.   

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