Monde

Après un mois de pause, le monde doit réapprendre à faire semblant de se soucier des droits humains

Réveil difficile ce lundi pour une bonne partie des habitant·e·s de notre belle planète, et pas seulement pour les Français·e·s. Après une parenthèse enchantée de quatre semaines de Coupe du monde lors desquelles il eut été de mauvais goût de gâcher l’ambiance en supputant – par exemple – la confection des ballons officiels à partir de peau de travailleur népalais, voilà que le monde occidental doit rendosser sa plus lourde obligation de façade : prétendre que les droits humains lui importent. 

« Qu’il est difficile d’être donneur de leçons, quand les leçons manquent d’honneur », dit le poète. Cette maxime, fictive mais éprouvée, ne se prête que trop bien à la situation, ce lundi, dans laquelle se retrouvent la plupart des pays du monde, a fortiori ceux de bloc occidental qui fustigeaient il y a un mois la tenue de la Coupe du monde de football au Qatar, un pays « sans aucune âme ni passé footballistique », répétaient-ils à qui mieux mieux. En effet, après ce mois de trêve, les pays occidentaux doivent progressivement réapprendre à moraliser les autres pays ; autrement dit, à balayer devant la porte de leurs voisins avant de s’occuper de la leur. Or, la tâche est loin d’être facile ! « Défendre les droits humains sans les appliquer soi-même ou, à tout le moins, en faisant semblant de les appliquer et en délocalisant tout ou partie des tâches qui doivent être effectuées dans l’irrespect de ces derniers dans des pays où ils n’existent pas, c’est une routine qu’on oublie vite ! », témoigne ainsi le président de la République française. « C’est comme pour tout, quand on ne pratique pas, on perd la main ! », ajoute le chancelier allemand Olaf Scholz qui, pour sa part, aura eu l’occasion de réapprendre plus rapidement étant entendu l’élimination de son équipe en phases de poules. « C’est pourtant nécessaire si nous voulons conserver la face – NDLR : et gagner les prochaines élections ! », souligne ce dernier. 

Du côté de la plèbe et plus précisément de celui des supporteurs, les personnes qui en méprisaient d’autres du simple fait qu’elles n’avaient pas ouvertement déclaré – comme il était alors de coutume de le faire quelques mois avant la Coupe du monde – qu’elles boycotteraient l’évènement ; ces personnes doivent elles-aussi réapprendre à être arrogantes et suffisantes en attendant de s’oublier encore une fois à l’approche du prochain mondial de foot. « Je vais reprendre progressivement les posts sur les droits humains. Pas plus d’un par jour, pour commencer. Ensuite, je regagnerai le FC Chômage et j’atteindrai à nouveau la cinquantaine de publications quotidiennes », détaille à cet égard un ancien twitto très engagé en faveur des Ouïghours quand bien même on le voit souvent arborer un t-shirt Cos, une filiale de H&M. 

Reste que même ceux qui se contrefoutaient littéralement des droits humains sont désormais impliqués. « On ne peut plus rien acheter qui ne soit pas lié à de l’exploitation et qui, cela étant, nous oblige à nous indigner », explique ainsi un client d’Amazon, entreprise tout à fait connue pour ses conditions de travail déplorables. « C’est en achetant mes œillères sur leur site, pour, précisément, ne rien voir, que je me suis fait avoir ! », ajoute ce dernier. « Maintenant je vais devoir faire semblant de m’indigner comme tout le monde ! Me voilà dans un sacré pétrin quand même ! », conclut-il.

Si plus aucune alternative à l’indignation molle ne semble être possible, d’aucuns essaient néanmoins de s’offrir un sursis. « En Argentine, la ferveur est encore là pour un petit moment ! », assure un petit malin. Voilà pourquoi certains ont d’ores et déjà entamé des démarches en vue d’en obtenir la nationalité. Petit bémol : si le bureau de l’immigration est aussi raciste que la plupart des supporteurs du pays sud-américain, il n’est pas certain que cela suffise à retarder l’inéluctable…

La Rédaction.

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