Vaud

Au vu du sien, Valérie Dittli ne juge pas nécessaire d’augmenter plus que ça les salaires de la fonction publique 

« Si tout le monde gagne comme moi, il n’y a vraiment pas besoin d’augmenter les salaires des fonctionnaires », souligne Valérie Dittli, capi-cheffe du département des finances et de l’agriculture du canton de Vaud. « Qui plus est le coût de la vie est relativement peu élevé ici », ajoute cette dernière. Et de conclure : « Un pain au choc’ c’est quoi !? Dix ou quinze centimes, non ? »

En Suisse, il existe dans tous les cantons un groupe de cinq à sept gulus sélectionnés d’abord à l’intérieur de leur parti politique selon des mécanismes qui, qu’on se le tienne pour dit, ne permettent pas forcément de choisir les crayons les mieux taillés de la boîte. Ces derniers sont ensuite à peu près démocratiquement élus par, en moyenne, une quarantaine de pourcent de l’électorat de leur canton composé majoritairement de personnes plus proches, en matière d’âge, d’un rendez-vous chez le proctologue que de tenir un hochet sans que cela provoque des réactions de type : « Mais que diable fait ce vieillard avec un jouet pour enfant dans les mains !? » Ces cinq ou sept personnes, pour les nommer selon l’usage, sont appelées « conseillers » et « conseillères d’État ». En règle générale, leur sociologie nous apprend qu’ils ne viennent pas de nulle part et que le temps qu’ils ont pu consacrer à la politique est éminemment dépendant de la sécurité financière dont ils ont joui tout au long de leur vie. Toutefois, il en existe aussi qui, comme Thierry Apothéloz (PS/GE), viennent de milieux plus modestes, voire carrément du monde ouvrier. Mais peu importe au final, car l’important ce n’est pas la quête mais l’arrivée. Au poste de conseiller d’État, que l’on soit fils de bourg’, de pute, de flic ou d’ouvrier, le dénominateur commun est d’être soudainement frappé d’une amnésie souvent totale vis-à-vis de la condition de ses administrés.  

Ainsi un conseiller ou une conseillère d’État peut-il ou elle se permettre sans rougir d’affirmer que ses concitoyens gagnent déjà suffisamment d’argent pour faire face aux loyers qui augmentent, aux prix des denrées alimentaires qui prennent l’ascenseur, au montant des primes maladies qui atteignent des records, etc. tout en se couchant le soir avec un sentiment relativement élevé de sa propre personne ainsi que celui du devoir accompli. C’est d’ailleurs sans doute le cas de la conseillère d’État en charge du département des finances et de l’agriculture de l’État de Vaud qui, quand on lui demande le prix du pain au chocolat qu’elle se fait apporter chaque matin par un stagiaire de deux fois son aîné, répond sans aucune hésitation : « Un pain au choc’ c’est quoi !? Dix ou quinze centimes, non ? » avant d’affirmer que le coût de la vie est relativement faible dans son canton et que, tout comme la France, la Suisse est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer. Même chose quand on lui demande si indexation pleine et entière des salaires à l’inflation il devrait y avoir : « Si tout le monde gagne sa vie aussi bien que moi, il n’y a vraiment pas besoin de les augmenter ! », répond-elle. Le problème Mesdames et Messieurs les conseillers d’État, c’est que tout le monde ne gagne pas sa vie aussi bien que vous. Du haut de votre tour d’ivoire serait-il bon de vous le rappeler. 

La Rédaction. 

Crédit photo : “Lausanne, Genfersee” by MySwitzerland.com is licensed under CC BY-NC 2.0.

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