En 2023, nous avons décidé de compiler chaque semaine un florilège non exhaustif mais parfaitement représentatif du monde qui part en biturne… Pour vous, cette semaine, le 20 Minutes met en avant un économiste spécialisé dans l’immobilier qui vous explique comment devenir riche en faisant votre lit ; Myrtille est officiellement élevé au rang des prénoms difficiles à porter et un enseignant ne sache même plus manier le subjonctif correctement… Bref, le monde part en biturne.
Lundi : Le rêve encombrant d’un millionnaire pour rajeunir ses organes (Heidi.news)
On apprenait lundi dernier l’histoire extraordinaire de Bryan Johnson, 45 ans, entrepreneur de la tech’, qui subit des dizaines d’interventions médicales par mois pour tenter de conserver un corps de 18 ans. Aucuns résultats médicalement probants, mais peu importe, l’essentiel est ailleurs : lorsqu’il s’agit d’utiliser des millions pour des projets débiles, les semblables d’Elon Musk savent faire preuve d’une inventivité redoutable ! L’histoire ne dit toutefois pas si Bryan s’abstient d’avoir des rapports sexuels pour rester puceau, encore moins s’il se rend sur 4Chan ou les forums de jeuxvidéo.com pour le redevenir après chaque coït. Cependant, une chose est sûre : pour parfaire le personnage, lorsque Bryan est in the kitchen, il y cuisine des pâtes… à défaut de s’y faire cuire un œuf.
Mardi : Ceux qui font leur lit auraient plus de chances de devenir riche (20 Minutes)
Cet article pourrait être tiré des meilleures vidéos de développement personnel «Top-5 des secrets pour devenir riche» sur YouTube. Mais non, il est bel et bien paru dans la presse. On notera d’emblée l’emploi du masculin générique dans le titre, très pertinent pour vous rappeler, mesdames, que savoir faire votre lit, celui de votre mec et de vos enfants ne changera pas vos vies. Selon l’économiste Randall Bell, spécialiste du marché immobilier, maintenir en ordre son espace de vie améliorerait de 206,8% (oui, c’est précis, c’est de la sciooonce) ses chances de la réussir. Et comme un lit est un meuble, et que le mot «mobilier» est proche d’«immobilier», son statut d’expert est indéniable. D’autant qu’il est validé par un professeur de Feng Shui. Pour un article qui promeut l’ordre, nous voilà face à des parangons de rigueur scientifique. Sinon, aucune chance que le fait de naître dans une famille déjà bourgeoise augmente à la fois tes chances de devenir riche ET de faire ton lit. Ils y auraient pensé, pensez-vous.
Mercredi : Ils ont des prénoms et noms difficiles à porter et… ils assument (Blick)
Les Jean-Paul, Léa ou Dominique ne pouvaient plus vivre dans l’ignorance de la douloureuse oppression qu’éprouvent certain·e·s de leurs semblables. C’est pourquoi une valeureuse journaliste d’investigation du Blick est allée à la rencontre d’une Myrtille, d’une Gay et d’un Dominé pour savoir ce qu’il en était de leur quotidien de rejeton au prénom bizarre. Sans surprise apprend-on au terme d’un récit poignant – mais surtout d’un enchaînement de banalités à faire pâlir La Palice – qu’il est non seulement possible de sexualiser une jeune fille en raison de son prénom Myrtille – NDLR : l’inventivité du patriarcat est une mine d’or à la veine intarissable – mais surtout qu’au final, ça va, ce n’est pas si terrible, on peut vivre en Suisse avec le lourd stigmate d’un prénom «original». De quoi rassurer tous les Mohammed qui se font dévisager par la maréchaussée à peine leur prénom évoqué.
Jeudi : Un membre du MCG frappe un communiste à la Fondetec (TdG)
La politique genevoise est la plus belle de Suisse, voilà un état de fait qu’il n’est plus nécessaire de prouver. Chaque semaine réserve d’ailleurs son lot de nouvelles Genevoiseries, en l’occurrence un nouvel opus plutôt piquant de «Fight Club», jeudi dernier. Selon nos informations, une pétition serait actuellement en circulation pour réclamer la généralisation de ces combats et leur tenue en public sur la plaine de Plainpalais. À terme, ce mode de scrutin pourrait même remplacer les élections. Quoi qu’il en soit, l’article nous apprend que l’axe de défense principal du MCG est : «C’est lui qui a commencé». Un argument qui s’applique donc tel quel aux communistes, aux étrangers et à ton voisin de 12 ans à qui tu viens de mettre une rouste parce qu’il a rayé ta nouvelle Tesla. Le texte fait aussi état de l’absence parfaite d’émoi et de réactions de la part des récents défenseurs parfaitement apolitiques de Céline Amaudruz. À croire que la violence est beaucoup plus légitime dans l’univers de l’entreprise qu’une quasi-presque-potentielle violence en milieu universitaire. Fou !
Vendredi : «Ils buvent» et autres fautes folles: le remplaçant valide (20 Minutes)
Victimiser un enseignant remplaçant : ainsi aimons-nous terminer la semaine en douceur ! La conjugaison ne serait donc plus le point fort des maîtres et des maîtresses, qui préféreraient s’occuper de leur survie dans leurs classes de 208 élèves ? Allah seul sait. Mais contrairement aux foyers normaux – c’est-à-dire des foyers où les parents se soucient davantage de l’inflation et du bien-être de leurs gosses que de leur niveau en orthographe – la bourgeoisie de Vésenaz ne compte pas laisser sa marmaille se faire «niveler par le bas». Des parents ont donc averti le Conseil d’État, supputant légitimement que celui-ci n’avait rien de mieux à foutre de ses journées. Le directeur de l’école, lui, plaide l’erreur d’inattention : une explication «peu convaincante», analysait l’autre soir une amie enseignante accotée à un pilier de bar de la rue de l’École-Médecine. Cette dernière connait d’ailleurs très bien son sujet puisqu’elle était précisément en train de corriger des copies d’élèves lorsqu’elle a tenu ces propos.
La Rédaction.