Vu de Suisse, le mouvement social qui agite la France depuis le passage en force de la réforme des retraites prête à rire. En effet, dans notre belle démocratie, la droite n’a besoin d’aucun article particulier de la Constitution pour faire passer ce qu’elle veut au Parlement fédéral qui a toujours été de son côté depuis sa création, en 1848…
« Sont quand même cons ces Français ! », rigolait ce matin Philippe Nantermod en buvant son café sous le regard de notre fouine ninja infiltrée dans un placard de sa cuisine Ikea étonnamment bas-de-gamme. « N’avoir jamais pensé à tuer toute opposition dans l’œuf se dotant d’institutions qui empêchent la gauche de décider, quelle bande d’abrutis ! », s’est ensuite exclamé le libéral-radical valaisan en riant à pleines dents.
Cela fait en effet depuis la création de la Suisse moderne, en 1848, que la chambre basse du Parlement – autrement dit, le Conseil national – n’a jamais comporté de majorité de gauche qui eut pu décider quoi que ce soit du même bord politique. Un état de fait qui contraste avec la proposition selon laquelle la « majorité rose-verte » gouvernerait le pays. Pire, qu’elle conduirait ledit pays à sa perte alors qu’elle ne peut réellement entrainer la perdition que de quelques communes… Et encore, on ne voit pas trop comment l’augmentation des pistes cyclables pourrait conduire plus certainement les gens à leur perte qu’à leur destination finale – à moins que la destination finale en question soit celle des cinq films éponymes ?. « Ah, ça !? C’est nôtre plus grosse escroquerie ! », explique un membre du PLR validé par un pair du Centre, une Verte’lib qui passait par là et un UDC en train d’essayer d’appâter un gauchiste avec un morceau de quinoa afin de lui mettre une dérouillée. « Au niveau fédéral, on vote tous les trucs qu’on veut et quand ça crée des emmerdes trop visibles, on dit que c’est la faute de la gauche ! Comme ça les gens nous croient et ils attribuent tout le bordel aux gauchos qui (ne) savent jamais comment bien se défendre ! », ajoute ce dernier.
En somme, nul besoin de 49.3 dans la Constitution. Celle-ci garantit déjà très bien l’ordre établi et le succès des politiques de droite tout en offrant l’illusion d’une possible alternative. Le ou la Français·e qui mettra en place la « sixième République » sera sans doute bien inspiré de calquer ses institutions sur celles de la plus belle démocratie du monde.
La Rédaction.
Crédit photo : “Philippe.Nantermod” by Wici is licensed under CC BY 3.0.
