Culture

Jugés « trop compliqués » pour les étudiants en lettres, 60’000 livres ne seront pas réintégrés à la bibliothèque d’Uni Bastions

Tous les bouquins déplacés ne réintégreront pas Uni Bastions après la fin des travaux de rénovation, dans quatre ans. L’Université de Genève, qui considère les actuels étudiants en lettres beaucoup trop « indigents intellectuellement » pour « saisir la portée d’un Balzac », continuera néanmoins de leur mettre quotidiennement à disposition plusieurs exemplaires du 20 Minutes ainsi que les œuvres complètes de Joël Dicker. 

« Ah ça ! Avec le temps qu’ils passent sur les réseaux sociaux au lieu de se cultiver, il fallait s’y attendre ! », fustige un homme blanc de plus de cinquante ans qui n’a pour sa part jamais lu que Pif Gadget, le Journal de Spirou ainsi que la Tribune de Genève. « Les jeunes sont de plus en plus bêtes ! », ajoute ce dernier dont le cursus scolaire s’est arrêté à la première année d’une faculté de droit. « Ce n’est pas étonnant qu’ils ne parviennent pas à se concentrer plus de cinq minutes sur un Balzac ou à dévorer À la recherche du temps perdu ! », constate également celui qui n’en a pour sa part jamais lu que des résumés sur Wikipédia. 

Le point de vue de ce Genevois moyen que nous prénommerons Christian – rapport à la proportion de Christian qui pensent comme lui –, c’est également celui du décanat de la faculté de lettres de l’Université de Genève. Réuni vendredi dernier lors d’une séance extraordinaire, celui-ci a en effet décidé de ne pas réintégrer une soixantaine de milliers des livres déplacés à l’occasion des travaux de rénovation de la bibliothèque d’Uni Bastions située au milieu du parc éponyme de la République bananière et canton de Genève. « Ce ne fut pas vraiment une décision difficile à prendre », explique le doyen de la faculté. « Nous savons très bien que nos étudiants ne lisent plus et qu’ils utilisent ChatGPT pour rédiger leur copies », révèle ce dernier. Selon lui, l’« indigence intellectuelle » serait ainsi désormais la norme au sein de sa faculté. Pourquoi ? Il n’en sait rien et laisse à d’autres, à des chômeurs ou à des sociologues – NDLR : désolé pour le pléonasme – le soin de répondre à cette question. Pour sa part, dit-il, il se contente de constater qu’il a déjà entendu des étudiants se vanter d’avoir acheté le dernier Nicolas Sarkozy…

Dans une démarche « accompagnatrice » plutôt que « prescriptive » ; soucieuse, du reste, de préserver la liberté de toute un chacun de s’instruire comme bon lui semble puisque, de toute façon, tous iront pointer à l’Office régional de placement une fois leur master de grec antique spécialisation poteries athéniennes terminé, la faculté de lettres précise qu’elle fera néanmoins tout son possible pour quand même remplir sa mission qui consiste à « leur apprendre quand même deux ou trois trucs utiles ». Et de préciser à cette fin : « Nous mettrons les Joël Dicker bien en évidence dans notre nouvelle bibliothèque. Pléthore de 20 Minutes seront également à leur disposition. » Car l’important avec les textes, ce n’est pas qu’ils soient de qualité, mais c’est que les gens s’y mettent. À commencer par ceux qui les étudient. 

La Rédaction. 

Crédit photo : https://www.ge.ch/document/premier-coup-pioche-batiment-central-uni-bastions

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