Genève

La Justice offre une carte de fidélité à Pierre Maudet

Entendu hier matin au Tribunal de police pour une affaire de « touchette » qui n’aurait selon lui pas eu lieu, Pierre Maudet s’est vu remettre une carte de fidélité par la Justice. Cette dernière lui permettra notamment d’obtenir des ristournes si d’aventure il revenait cirer les bancs de l’un ou l’autre des tribunaux de la cité de Calvin.

Deux hommes. Deux versions. Un menteur. Et la justice au milieu de tout cela. Voici le théâtre au sein duquel fut entendu ce mardi Pierre Maudet afin de juger si ce dernier a bel et bien embouti une voiture, puis fui pour échapper à sa sentence, il y a à peu près un an. En quelques années seulement, l’actuel conseiller d’État en charge du département de la santé et des mobilités uniquement thermiques – car on s’en fout des autres moyens de transports – aura donc ciré, pour ne pas dire poncé, plus souvent les bancs des tribunaux que les plus grands criminels de la République. Quoi de plus normal après tout : ces derniers sont derrière les barreaux depuis belle lurette tandis qu’il court toujours les rues.  

Point cependant d’accusations de corruption ou d’acceptation d’avantage cette fois-ci. Si Pierrot se trouve en effet devant le Tribunal de police, c’est pour contester l’ordonnance pénale qui le vise et le condamne à payer quelques 2’100 francs. Sans surprise aucune, la petite salle d’audience du Palais de justice est comble. Tous les représentants de la presse romande, alémanique, bulgare, somalienne et même extra-terrestre s’y sont en effet amassés en espérant pouvoir en tirer un articulet dont le simple fait qu’il parle de Pierre Maudet leur servira à vendre suffisamment d’encarts publicitaires afin d’éviter un prochain licenciement collectif. Tous y jouent par ailleurs des coudes pour s’établir au premier rang et dérober un cliché leur permettant d’illustrer leur publication. Notre stagiaire – régulièrement obligé de se battre contre d’autres stagiaires afin de faire montre de sa motivation et de conserver sa place au sein de la Biturne de Genève – y prend cependant l’ascendant en rétamant les représentants de la Tribune, du Matin, du Blick, du Temps et de nombreux autres quotidiens qui ont fait le choix – vraisemblablement le mauvais – de ne conserver en leur sein que les éléments les plus délicats qui sont, coïncidence, aussi celles et ceux dont les compliments adressés à leurs supérieurs hiérarchiques sont les plus passionnés. 

Bref, l’audience débute. Avant même que le président, Monsieur Maurer-Cecchini, ne prenne la parole, un huissier de justice s’avance jusqu’à Pierre Maudet pour lui tendre un petit rectangle plastifié dont le seul journaliste encore debout – celui de la Aargauer Zeitung, un lutteur suisse particulièrement difficile à vaincre – et notre stagiaire ignorent alors tout de la nature. Le président prononce alors ces mots : « Pour vous Monsieur Maudet, une carte de fidélité vous permettant d’obtenir des rabais lors de vos prochaines comparutions devant la Justice ! » Sur quoi le principal intéressé répond : « Merci, c’est bien aimable ! » Quand on connaît le prix du gramme, le reste des évènements de ce mardi 30 janvier 2024 ne méritent pas qu’on y consacre plus de lignes. Verdict, du reste, jeudi matin cependant qu’il ne fait aucun doute que le bon Pierre, un saint parmi les gueux qui aimeraient tant le voir trébucher, ressortira de cette affaire aussi blanc et immaculé qu’une quarantaine de centimètres de poudreuse fraîchement tombée. 

La Rédaction. 

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