Parler de porno avec ses enfants « c’est haram ! », a déclaré hier matin durant la messe l’abbé de Saint-Maurice, en marge de la sortie en librairie du dernier essai de Coline de Senarclens : Porno, parlons-en !. L’occasion pour ce dernier de rappeler également que tout ce qui a trait à l’éducation sexuelle des enfants doit rester entre ces derniers et le Seigneur qui se chargera bien un jour ou l’autre de leur faire découvrir la vie.
Peut-on discuter pornographie avec ses enfants sans être cringe et créer un malaise chez ces derniers ? Probablement pas la première fois. Tabou étant soigneusement cultivé depuis leur plus tendre enfance y aura-t-il en effet de grandes chances que celui-ci refuse de parler sexualité et des contenus disponibles sur internet avec papa et maman, papa et papa ou maman et maman. C’est toutefois en forgeant que l’on devient forgeron, affirme Coline de Senarclens dans son dernier essai Porno, parlons-en ! Et donc en discutant de sexualité et de prono avec elles que l’on permettra non seulement à nos chères têtes blondes de ne plus rougir quand on le fait mais aussi d’acquérir les moyens d’affronter les contenus pas toujours réjouissants que l’on voit parfois circuler sur Snapchat, des groupes Whatsapp, sur le net ou dans les disques durs des abbés de Saint-Maurice perquisitionnés par la police valaisanne.
Si ce point de vue ne manquera pas, à terme, d’être partagé par toutes celles et ceux qui n’ont pas des excréments à la place du cerveau, il y a néanmoins peu de chance qu’il (é)branle les convictions de l’abbé de Saint-Maurice. Dans son sermon d’hier matin, celui-ci a en effet tenu à réaffirmer un point essentiel de la sexualité des plus jeunes, à savoir que ce qui se passe dans le slip des jeunes garçons et dans la culotte des jeunes filles ne regarde qu’iels, le Seigneur ainsi que ses émissaires. « Que les parents se chargent de l’éducation sexuelle et pornographique ? Laissez-moi rire ! », s’est ainsi écrié ce dernier au début de sa prise de parole. « Ça, c’est le rôle du Seigneur ou je ne m’y connais pas ! », a ensuite poursuivi l’homme d’Église. Et de s’attaquer ensuite directement le livre de Coline de Senarclens : « On y apprend notamment que la masturbation ne rend pas sourd, c’est une erreur ! », a ainsi déclaré l’abbé. « En revanche, je suis parfaitement d’accord avec l’assertion selon laquelle les gens tombent rarement par hasard sur de la pornographie. Chez nous, à Saint-Maurice, c’est toujours un choix délibéré de l’abbé que d’en montrer aux enfants », a ajouté ce dernier. « La plupart des choses qu’on peut lire dans le livre de Coline sont ainsi des contre-vérités eu égard à ce qui est écrit dans la Bible. Si vous voulez accéder au Paradis, ne vous y fiez sous aucun prétexte, aucun ! », a enfin exhorté ce dernier en conclusion de son prêche tout en précisant qu’un don d’au moins dix mille francs permettait assurément au donneur d’ordre d’en déverrouiller les portes.
Malgré tout, l’abbé de recommander que le livre soit acheté en très grand nombre – de sorte à rendre son autrice extrêmement riche – avant d’être brûlé comme en 33 dans les rues de Berlin. « C’est la seule solution que j’entrevois pour qu’il ne se répande pas et nous conservions le monopole de l’éducation sexuelle des enfants », a souligné ce dernier qui, comme un phare dans la nuit ou une mousse d’arbre indiquant le nord, indiquera toujours, tout comme ses pairs, les meilleurs comportements à adopter pour autant que l’on fasse exactement le contraire de ce qu’ils disent – NDLR : excepté pour ce qui est de l’achat du livre.
La Rédaction.