Economie

Le Conseil fédéral demande qu’on applaudisse les locataires qui parviendront encore à payer leur loyer après une deuxième hausse du taux hypothécaire en 6 mois

Youpiiii ! Grâce à une loi votée dans les années 2000 et sur laquelle il s’agirait peut-être de revenir – on pose ça là puisqu’après tout « faire de la politique » c’est s’accorder sur les dispositions de notre vie en société et pas bosser pour des lobbies, rémunérassent-ils grassement – les loyers vont encore augmenter pour celles et ceux qui n’auraient pas eu la chance de conclure un bail il y a dix ans, alors que les taux hypothécaires se situaient au plus haut. Sachant néanmoins pertinemment que cette situation n’est plus tenable pour les plus précaires, le Conseil fédéral demande à ce qu’on les applaudisse. « Comme ça, ils seront aussi motivés à payer leur loyer que les travailleurs de première ligne l’étaient à sauver des vies durant la pandémie », communique ce dernier.

Rebelotte. Voilà que les loyers vont à nouveau augmenter. La faute, notamment, à une loi votée à l’époque du baladeur par nos parlementaires bourgeois qui indexa les rentes mensuellement payées à des rentiers au sacro-saint taux hypothécaire de référence dont le calcul est aussi clair que de l’eau de roche, mais uniquement pour les individus dotés d’un doctorat en économétrie. Une loi. Votée au Parlement. Donc quelque chose de potentiellement transformable pourvu que vous n’ayez pas glissé un bulletin Mauro Poggia, Olivier Feller, Laurent Wehrli, Damien Cottier, Cyril Aellen, Simone de Montmollin ou encore Céline Amaudruz dans les urnes, lors des dernières élections fédérales. Au vu des résultats, il n’en fut cependant rien… Dès lors, à chaque augmentation de 0.25 points dudit taux de référence continueront aussi d’augmenter de 3% les loyers de 61% des Suisses, de 83% des Bâlois ou de 78% des Genevois. Les choses sont ainsi faites dans l’un des pays au PIB le plus élevé du monde, ce qui n’empêche toutefois pas certains, tant la richesse ruisselle-t-elle, d’avoir de la peine à boucler les fins de mois, voire de galérer leur daronne à les conclure ces p*tain de mois.

Mais pas de panique cependant ! Car nos dirigeant sont là, beaux, fiers et compétents qui détiennent, en vertu de leur pragmatisme et de leur savoir-faire, les solutions pour remédier à cette intenable situation pour de nombreux Suisses. C’est ainsi qu’el famoso Guy Parmelino, a récemment proposé qu’on applaudisse toutes celles et ceux qui parviendront encore à régler le montant de leur loyer à la fin de chaque mois. « Pour l’instant, je ne vois que cette solution », confie, visionnaire, ce dernier – NDLR : le blocage des loyers ne lui ayant même pas traversé l’esprit car il s’agit d’une solution communiste ; or, Guy ne veut pas que la Suisse devienne un Etat communiste ; personne ne veut d’ailleurs que les Suisses se mettent à avoir froid et à porter des bottes à fermeture éclair ! Car « applaudir les locataires qui s’en sortent », cela permettra, en outre, selon Guy-la-science-infuse, de « remotiver ceux qui ne s’en sortent pas, façon applaudissements des soignants durant la dernière pandémie. » Soignants sur lesquels, du reste, on n’a toujours pas mis le respect qui leur était pourtant dû en vertu des quelques années d’espérance de vie qu’ils ont sans doute perdu à tenter de sauver celle de quelques mauvais porteurs de masques ou d’antivaxs notoires.

Mais ce n’est pas tout. Plus dégourdi qu’il en a l’air, Guy a également commandé la préparation d’un projet de consultation visant à « agir pour réduire la hausse des loyers » – NDLR : on notera à cet égard qu’il ne s’agit pas de diminuer les loyers mais simplement de contenir leur hausse et que, cela étant, endiguer ne serait-ce qu’1% des 20 que prendront sans doute les locataires dans les dents suffiront à couronner de succès les actions chef du département de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR). Tel est la magie des politiques pragmatiques formulées par des individus raisonnables et compétents. « En associant ce projet et vos applaudissements, j’ai bon espoir de trouver une solution qui convienne à toutes et tous », souligne ainsi ce dernier. Par « toutes » et « tous » entend-il certainement la petite minorité aisée dont il défend les intérêts. Dans le cas contraire, on ignore de qui il parle.

La Rédaction.

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