Société

Le monde part en biturne – Revue de presse #2

En 2023, nous avons décidé de compiler chaque semaine un florilège non exhaustif mais parfaitement représentatif du monde qui part en biturne… Pour vous, cette semaine, Blick met une vitesse au GIEC ; Le Nouvelliste trouve que la délinquance, c’était quand même mieux avant que d’aucuns s’en prennent aux canons à neige et Watson met en avant la Delphine Arnault, symbole de réussite et exemple de mérite. 

1 : “Il fera sans doute plus chaud que jamais ces prochaines années” (Blick Instagram)
La palme d’or de cette semaine d’actualités aussi mouvementée que le branle-bas de combat à l’heure des repas en EMS revient indéniablement au Blick et à son département météo qui, contrairement à Macron, est parvenu à prédire le réchauffement climatique. Pour peu, leur fine équipe d’analystes nous annonçait également des «tensions» entre l’Ukraine et la Russie…

2 : “Chablais vaudois : des canons à neige vandalisés à Chesières et aux Diablerets” (Le Nouvelliste)
Les délinquants, c’était mieux avant. Preuves en sont les récentes exactions commises à l’encontre des canons à neige des communes d’Ormont-Dessus et d’Ollon par des inconnus qui, s’ils n’ont pas laissé leurs noms, se sont néanmoins revendiqués de la protection du climat. Que vont-ils encore inventer pour se justifier ? fustigent déjà sur Twitter les plus grands penseurs de notre siècle. La liberté d’expression, l’état de nécessité ou, mieux, l’éco-anxiété ? Et si c’était simplement parce qu’en Suisse, il faut bien dire ce qui est, les gens se font chier comme des rats morts ? Bienheureux qui saurait démêler le vrai du faux. En tout cas une chose est sûre : les bourgeois et autres libéraux en proie aux paniques morales ont toujours préféré la poudre tonique bolivienne à la bouillie des canons.

3 : “Plus aucune section de l’UDC ne veut de Joachim Son-Forget” (Le Temps)
Oyez, oyez, braves Romand·e·s, approchez, laissez-nous vous narrer l’histoire de cet homme, qui va certainement combler la francophobie qui sommeille – à peine – en vous ; la suite de son feuilleton, devrait-on dire, que nous avions déjà mis à l’honneur la semaine passée : contre toute attente, les Aventures de Ruben et Joachim n’auront finalement pas lieu ! Ce dernier ne satisfait en effet pas aux critères très sélectifs en matière de… Enfin, en matière de vous savez quoi pour entrer dans le parti. Dommage, on attendait avec impatience leur récit fait par Netflix, ou par son puissant concurrent Play Suisse. À l’heure du bilan, on notera donc que même avec le franc fort, les importations se portent décidément à merveille, a fortiori celles d’échantillons de vie politique française, délicieux mets aux saveurs chaotiques cependant qu’il sont à déguster avec modération. Bref, fin de l’aventure. Céline Amaudruz «ricane», et l’UDC aura finalement su faire ce qu’elle sait faire de mieux : rejeter un étranger.

4 : “Ignazio Cassis s’en prend à la Russie lors de sa première participation au Conseil de sécurité” (RTS)
En 2023, la Suisse est au cœur de la géopolitique internationale. Cette belle réussite, c’est très certainement le fruit de la glorieuse rencontre entre Joe Biden et Vlad Poutine qui s’est tenue à Genève deux ans plus tôt, et qui, on le sait, a donné des résultats inespérés. Or, assis à la table des grands, notre petit président ne s’est pas fait attendre pour taper sur les doigts de la Russie et siffler la fin de la récréation. Il n’y a pas à dire, le Kremlin doit être sur le point de défaillir ou, à tout le moins, en avoir les genoux qui tremblent ! De toute manière, le roquet n’a que ses cris pour se faire entendre. Question subsidiaire : faut-il envoyer Ignazio Cassis créer le malaise et le désarroi – comme il sait si bien le faire – sur le front ukrainien ? Ça ne peut pas être moins efficace que d’y envoyer nos Duro…

5 : “Delphine Arnault n’est pas que la fille de l’homme le plus riche du monde” (Watson)
Qu’on se le dise, ce n’est pas avec une grande fierté que nous intégrons une production Watson à notre revue. En réalité, le tabloïd importé de Zürich pourrait à lui seul remplir nos sommaires à double, chaque semaine. Pourtant, comment passer à côté de cette petite pépite argumentative visant à réhabiliter le parcours tumultueux et chaotique d’une riche héritière, qui a très certainement «fait l’école de la vie» en plus de son école privée à 30’000 euros par an. Faisant étalage de toute sa maîtrise du sujet – des théories de la reproduction sociale à la sociologie des élites en passant par les différentes philosophies des inégalités – l’auteur parvient de manière révolutionnaire à conclure que «le mérite est une notion subjective et trompeuse, donc fermez vos gueules les pauvres» (citation légèrement paraphrasée). On notera encore le panache du journaliste qui, s’en prenant courageusement à un twitto, aura su proposer un renouvellement rafraîchissant du fameux argument «t’façon, t’es qu’un jaloux». Propre, net et sans bavette.

La Rédaction.

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