Genève

Les demandes de changement de nom pour « Fontanet », « Bachmann » ou encore « Hiltpold » ont bondi de 3’452% en dix jours

Le Service Etat civil et légalisations fait face à un nombre de requêtes de changement de nom sans précédent. Depuis une dizaine de jours, de plus en plus de Genevois sont en effet convaincus qu’il suffit de se renommer Fontanet, Bachmann ou bien Hiltpold pour conjurer la malédiction qui les empêche d’occuper des postes à responsabilité quand bien même ils en auraient toutes les qualifications.

La difficulté de trouver un emploi bien que l’on possède toutes les qualifications nécessaires, que l’on ait réalisé toutes les formations proposées par l’Office régional de placement (ORP) et que l’on ait déjà effectué plus d’une centaine de stages rémunérés en expérience professionnelle constitue-t-elle un motif légitime de changement de nom ? Telle est la question débattue en ce moment au sein du service Etat civil et légalisation de l’Office cantonal de la population et des migrations (OCPM) du canton de Genève. Depuis, une dizaine de jours, celui-ci croule en effet sous les demandes de gens qui souhaitent abandonner leurs patronymes pour acquérir ceux de Bachmann, Fontanet ou Hiltpold mais plus rarement Apothéloz, Hodgers ou Kast cependant. « C’est du jamais vu ! Depuis qu’Alain Bachmann s’est fait coopter à la tête de l’Office cantonal des systèmes d’information et du numérique (OCSIN), l’augmentation des demandes est de l’ordre 3’452% et la file d’attente devant nos bureaux laisse présager que de nombreuses personnes essaieront encore durant un moment de changer de nom de famille pour faciliter leur accession à un emploi rémunéré décemment », communique ainsi le directeur de l’OCPM, lequel affirme du reste que des délais de réponse de deux à trois ans sont désormais à prévoir tout en précisant que son service demeurera toujours plus rapide que celui des subsides d’assurance-maladie.

Jusqu’à présent, toute personne qui pensait pouvoir justifier d’un ou plusieurs motif(s) légitime(s) comme le fait de s’appeler Adolf, Donald, Ueli, Christoph, Ducon, Bite ou encore Kévin pouvait déposer une requête en changement de nom ou de prénom auprès de l’OCPM. En général, celle-ci était rapidement acceptée et le demandeur pouvait alors choisir à sa guise une nouvelle dénomination à la mode qu’il aurait probablement envie de changer d’ici une vingtaine d’année. Quelques dizaines, tout au plus une centaine de dossiers étaient ainsi traités annuellement et tout allait pour le mieux dans le meilleur des services de l’Etat puisqu’aucune maladie professionnelle, pas même un petit burnout par-ci ou bien par-là, n’était à déplorer au sein du service Etat civil et légalisations de l’OCPM. Or rien, encore moins une bonne situation, n’est immuable. La tranquillité du service ne pouvait donc pas durer comme en témoigne sa récente popularité…

En somme, « Alain [Bachmann] aura permis à tout le monde de comprendre une règle élémentaire dans la distribution des positions dominantes dans l’espace social, à savoir que, ce qu’il faut pour les occuper, c’est du capital social », souligne néanmoins Joe Fibouzis, professeur de sociologie à l’Université de Genève. « Les gens n’ont pas encore compris qu’un simple changement de nom ne leur permettra pas de jouir de tous les avantages inhérents au fait de le posséder », déplore toutefois le chercheur. « À l’instar de Rome, les grandes familles genevoises ne se sont pas construites en un jour. Et les portes qui verrouillent leur accès sont bien gardées… », conclut ce dernier.

La Rédaction.

Crédit photo : https://www.ge.ch/actualite/fermeture-fin-annee-ocpm-du-ccb-2023/2024-6-12-2023 (ps: on paie nos impôts ici donc nous les brisez pas…)

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