En 2023, nous avons décidé de compiler chaque semaine un florilège non exhaustif mais parfaitement représentatif du monde qui part en biturne… Pour vous, cette semaine, les Américains c’est les Chinois – ou peut-être l’inverse ? – l’UDC, une fois n’est pas coutume, panique pour un bout de tissu et l’on apprend de la plume d’un CSP+ que, ô surprise, le travail n’est pas – que – souffrance. Une bien belle semaine en somme.
Lundi : Maintenant, c’est la Chine qui accuse les Américains de l’espionner avec des ballons (Le Temps)
Vous en aviez marre de la guerre en Ukraine ? Ras-le-bol des manifestations en France ou en Iran ? Vous avez donc sûrement pleinement apprécié la première saison de la «Saga des ballons», bien mieux mise en scène que la plupart des dernières productions Marvel et scénaristiquement aussi intéressante que n’importe quel film de Godard. Abattre des testicules géants dans le ciel à coup de missiles de croisière pour se prouver que l’on a des co******, voilà de quoi rendre n’importe quel mongol fier. Lundi, la Chine a donc répliqué avec cet argument choc : «Toi-même !» Selon nos sources, Pékin se serait ensuite aperçu qu’il s’agissait en réalité de ses propres ballons destinés à espionner sa population. La boulette.
Mardi : L’UDC lance le référendum contre l’autorisation du burkini (Léman Bleu)
Pour célébrer la Saint-Valentin, l’UDC Genève a décidé de se jeter à l’eau… à sa manière : les deux pieds dedans. Elle suivait ainsi toute la droite genevoise qui semble avoir une curieuse obsession pour les musulmanes mouillées. On nage en plein délire ! De notre côté, toutefois, on ne peut que leur conseiller de consulter les catégories thématiques sur les sites spécialisés et ainsi éviter d’éclabousser la société entière de leurs fantasmes culturels. Et si, faut-il le rappeler – NDLR : oui – il n’est jamais fait mention du burkini dans le nouveau règlement des piscines municipales, une chose est certaine : le coup de foudre a bien eu lieu entre les paniques morales politiciennes et le cadrage médiatique d’une presse qui, à défaut de syndrome de la page blanche, peine à masquer les Blancs derrière ses pages.
Mercredi : Non, le travail n’est pas que souffrance (Tribune de Genève)
ENFIN ! Enfin un brave journaliste suisse qui pend la plume pour dénoncer courageusement l’obscénité prolétarienne de nos indigents voisins qui, dans un traditionnel élan de leur immonde culture de l’assistanat, cherchent à protéger leurs acquis sociaux. Après avoir longtemps fait rouler ses grands yeux de lémuriens sur les antennes de la RTS en caressant amoureusement le pelage de nos représentant·e·s à Berne – toujours avec leur consentement, lui – dans le sens du poil, le sympathique Jurassien semble avoir bien acquis les réflexes parisiens : installé dans un bureau chauffé, cet éminent spécialiste du labeur – dans les épinards – rappelle que le travail «n’est pas que souffrance». «Quand il est exercé dignement, le travail est libérateur», assène-t-il quelques lignes après avoir rappelé, à grand renfort d’euphémismes, que les travailleurs et travailleuses français·e·s sont mal payé·e·s, pas écouté·e·s et que leurs aîné·e·s bénéficient d’autant de respect qu’un tapis de douche… Ou qu’un vieux chien de garde.
Jeudi : Les CFF prévoient une campagne de surveillance avec caméras cachées
En début d’année, les CFF annonçaient en grande pompe leur intention de rendre leurs gares «plus agréables» en élargissant l’offre. À l’époque, personne n’avait compris que l’entreprise considérait la surveillance comme partie intégrante de son offre. Dont acte. Cela dit, en réalité, n’en déplaise aux titreurs de Blick, il ne s’agira pas de méchantes caméras cachées de surveillance, mais bien d’un gentil système de traçage commercial parfaitement légal. Pourquoi légal ? Parce que ça rapporte, pardi ! La nuance est de taille, c’est-à-dire presque aussi grosse que la douille que les passagers se verront mettre dans l’arrière-train. Espérons que les CFF ont également prévu de renforcer le capitonnage de leurs sièges. Quoi qu’il en soit, il faudra désormais assumer l’approvisionnement d’urgence en capotes le samedi soir à la pharmacie de la gare et l’addiction à la Coop Pronto. Selon nos informations, l’ex-régie fédérale serait actuellement en contact avec une entreprise chinoise pour une sombre histoire d’acquisition de ballons. Affaire à suivre… À la trace.
Vendredi : Une entreprise américaine condamnée pour avoir engagé des enfants pour nettoyer des abattoirs (Washington Post)
Qui a dit que le droit du travail n’était pas protecteur aux Etats-Unis ? Cette information confirme que la moindre petite incartade au bien-être des travailleur·euse·s est sévèrement sanctionnée, même lorsqu’elle relève de la plus élémentaire quête de rentabilité et d’efficience. Réfléchissez : une adolescente de 13 ans, ça a des petites mains et des doigts fins qui permettent de nettoyer efficacement les interstices entre les dents des scies à poitrine, tandis qu’un ado de 15 ans ne demande qu’à soulever de lourdes fendeuses à tête afin de développer une belle musculature. Sans compter que lorsque l’on n’a pas terminé sa croissance, on tombe de moins haut après avoir glissé dans une flaque de sang. Par ailleurs, tout le monde sait qu’il faudra à l’avenir consommer moins de viande. Et quelle meilleure option que de faire baigner nos jeunes dans le sang bovin dès leur plus jeune âge pour les dégoûter d’un bon steak vigneron ? Vraiment, cette amende de 1,5 million de dollars pour cette entreprise possédée par le fonds d’investissement Blackstone nous semble particulièrement sévère. Une injustice majeure, même.
Mention honorable : Hériter est souvent un parcours du combattant (RTS)
La preuve que notre pays est une véritable méritocratie ! Même l’argent gratuit se mérite. Les démarches sont encore en cours afin que les écueils administratifs pour récupérer un héritage soient aussi difficiles qu’une vie entière de labeur. Mais on y croit !
La Rédaction.