Si le covid-19 apporte son lot de révolutions ordinaires dans nos quotidiens extraordinaires, comme celles d’éviter la gêne des deux ou trois bises; d’empêcher les poignées de main moites; d’interdire les manifestations antigouvernementales en France; de permettre aux survivalistes de dire « j’avais raison ! » en dégainant leurs tentes Quechua; de confiner Pierre Maudet dans son château ou encore de permettre la naissance, que dis-je, l’accouchement d’un aérodrome à vélos dans les rues de Genève, il est une profession – pour ne pas dire un art – qui a souffert plus que les autres du confinement lié au virus: le frottage.
Très simplement, celui-ci consiste à se frotter la verge ou tout autre membre turgescent contre les usagers et plus souvent les usagères des transports publics. Et Dieu sait que les employés de ce secteur, que dis-je, de ce « service » rendu à une population en manque de contact social car socialement occupée à contacter les aides du même nom a tristement fait défaut à chacun et chacune d’entre nous !
Deux raisons expliquent ce sentiment d’absence que l’on aura pu ressentir :
Premièrement, n’en déplaise à toutes ces gauchiasses lgbtcyclistes envahissant les rues de notre cité, les frotteurs participent au formidable équilibre du travail. En effet, qu’aurait-on sinon à raconter au bureau tandis que Corinne soliloque sur les troubles érectiles de son mari ? Tandis que Vincent fait le récit de son énième rendez-vous Tinder avorté au dernier moment alors qu’il s’était nippé de ses plus belles fripes écolovéganes ? Rien, rien et encore rien ! Parole d’évangile ! Ainsi, les frotteurs remplissent une mission d’utilité publique aussi certainement que l’évasion fiscale des élus politiques de la droite démontre les failles du système d’imposition genevois dont ils se proposent ensuite généreusement de corriger les défauts ! C’est évident ! Fini donc de stigmatiser ces êtres qui, eux aussi, ont eu le coeur brisé par une femme s’étant barrée avec un grand musclé au gros bolide allemand. Ces individus ont un coeur en morceau tout comme vous et moi – Christine, si tu lis cette chronique, reviens !
Deuxièmement, que dire du ralentissement économique qui, comme les coiffeurs ou les dealers, a frappé les frotteurs de plein fouet ! Du jour au lendemain, plus aucun client! Plus aucun cul à tapoter discrètement ! Certains se sont même retrouvé au chômage et ont accusé une perte totale d’exploitation de l’espace privé d’autrui. C’est dire à quel point il faut observer en profondeur avant de juger ! Au final, les frotteurs ne sont que des travailleurs précaires; des stagiaires ou des apprentis qui subissent de plein fouet les coups de la conjoncture économique. Ils sont des prolétaires comme les autres. Il s’agirait de ne pas l’oublier avant de les discriminer. La classe sociale à laquelle ils appartiennent est la votre. Vous ne voudriez pas vous attirer les foudres des syndicats et encore moins celle des bobos gauchos gluten free. N’est-ce pas ?
La rédaction.
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