En 2023, nous avons décidé de compiler chaque semaine un florilège non exhaustif mais parfaitement représentatif du monde qui part en biturne… Pour vous, cette semaine, une Saint-Valentin ratée ; la nouvelle tendance au « slow heat » et Lausanne ville terrifiante.
LUNDI : « 21 centimètres » : pourquoi la taille compte pour les femmes (Watson)
On savait Watson peu regardant sur la rigueur et la déontologie ; on ne se doutait pas que cette caractéristique éditoriale s’appliquait également à la lecture d’un calendrier. Mais à défaut de pertinence, on reconnaîtra une certaine disruptivité à publier le 20 février un article commençant par les mots « En ce jour de Saint-Valentin ». Défaut de pertinence il y a aussi sur le fond de l’article et celui-ci est en revanche plus difficile à rattraper. Si les plus naïfs et naïves d’entre nous souffriront d’un soupçon de déception en réalisant que le papier ne parle pas de verges, les plus scientifiques regretteront simplement qu’il ne fût pas vierge. Les autres se contenteront de soupirer en voyant un article reproduire à l’identique les clichés qu’il prétend décrypter. Ce même soupir que beaucoup lâchent spontanément lorsqu’elles reçoivent sur Tinder un premier message évoquant ces fameux centimètres. Sur Watson comme sur Tinder, c’est la déception qui est de taille…
MARDI : Emmanuel Macron a-t-il déjà cramé son second mandat ? (Newsletter Republick)
Une curieuse tendance semble se propager dernièrement chez Blick : celle de pondre à la chaîne des éditoriaux politiques basés sur un concept qui ressemble davantage à une blague de fin de soirée qu’à une véritable base de réflexion. Ainsi, après le très profond « Rallumons les Lumières à l’université » d’un certain Philippe N., grand philosophe de son État, voilà que le non moins grand politologue Richard Werly livre une description méta-superficielle de certaines contradictions sociopolitiques mobilisées autour d’une réflexion sous-jacente analysées à l’aune du paradigme de la Cinquième république. À l’issue de sa démonstration, l’auteur s’appuie sur le fameux sociologue Jacques Dutronc pour livrer une conclusion n’ayant strictement aucun rapport avec la question de recherche principale. Du génie ! Selon nos sources, les plus grandes revues de sciences politiques s’arrachent déjà la publication du papier.
MERCREDI : Une « remédiation urbaine » veut rendre Lausanne moins anxiogène (RTS Info)
Voilà une découverte scientifique inédite et bien contre-intuitive que nous conte ici le service public : vivre H24 entouré de voitures, de bruit, de publicités et de personnes stressées qui tirent la gueule ne serait pas la meilleure chose pour la santé mentale… Qui l’eût cru !? Et voilà que la perfide Lausanne, ville de vice et accessoirement vice-première ville lémanique, est pointée du doigt pour son anxiogénéité. Il faut dire que le soir, il est possible d’y croiser Vassilis Venizelos en train de souffler très fort sur la pollution pour la faire partir, ou encore Isabelle Moret en train d’hurler sur un stagiaire. Ainsi, sous une jolie parure de « remédiation urbaine », un éminent professeur suggère de lutter contre ce phénomène avec des cartes de promenades et des labels « Ici, on ne se hurle pas dessus ». Des solutions qui ont évidemment le mérite de lier le stress à la ville et évidemment pas au mode de vie capitaliste qui la régit. Faudrait pas pousser l’analyse trop loin. Quoi qu’il en soit, le projet est bien lancé et, selon nos informations, Fernand Melgar aurait été contacté pour réaliser un premier spot de campagne et une première carte pour un sentier pédestre « garanti sans dealer ». Par ailleurs, d’après nos sources, une « remédiation climatique » est prévue pour rendre le changement climatique moins anxiogène, et une « remédiation politique » serait en cours d’élaboration autour des discours de Marco Chiesa.
JEUDI : La Commission européenne interdit TikTok à son personnel (RTS Info)
Après cette scandaleuse compromission des libertés individuelles, les employé·e·s de Bruxelles ne pourront donc plus mettre à profit leur téléphone professionnel pour réaliser le dernier « challenge » à la mode. Il faut admettre que le précédent défi « tape des mains lorsque tu découvres un conflit d’intérêt » avait mis passablement de désordre dans les institutions européennes, de nombreuses personnes se plaignant par la suite d’acouphènes. L’article explique qu’il ne s’agit pas de priver le personnel d’un accès au dernier « life hack » qui leur permettra de couper bien plus efficacement un poireau, mais bel et bien de protéger leur intégrité numérique et leurs données personnelles. Un prochain règlement pourrait donc bientôt être édicté afin d’interdire aux fonctionnaires européen·ne·s de s’approcher à moins de 100 mètres d’une gare CFF.
VENDREDI : En Belgique, des familles vivent à moins de 15 degrés en modifiant leurs habitudes (RTS Info)
Alors… C’est deux Belges qui sont dans une maison… Et là, t’en as une qui dit à l’autre : « Eh, il fait tellement chaud, on se croirait dans une friteuse ! » Et l’autre lui répond : « T’as raison, baissons le chauffage mais inventons un terme qui fasse passer ça pour une tendance révolutionnaire monétisable qu’on pourra vendre au premier bobo un peu écolo venu, une fois. » Et c’est ainsi qu’est né le « Slow Heat » – en tout cas, selon nos sources. Une technique longuement éprouvée par toutes les personnes vivant en squat, mais qui n’ont évidemment pas pensé à la faire breveter. Complètement à la rue, ces gauchistes. Le reportage de la RTS a toutefois le mérite de proposer des témoignages rares et puissants, tels que : « Quand il fait moins chaud, j’ai froid. » Saisissant ! Cette tendance venue de Belgique est-elle prête à coloniser le monde entier ? En tout cas, on sait qu’ils peuvent s’appuyer sur une longue expérience en la matière. Prometteur.
Mentions honorable :
Fonds russes: “Il y a quelque chose de pourri en Suisse” (RTS Info)
Spoiler : la bourgeoisie.
Déclaré mort par erreur, il ne touche plus un sou (BFMTV)
C’est quand même chiant pour payer les factures qui, elles, ne meurent jamais.
Défi TikTok : Keen’V chantera à la fête étudiante (20 Minutes)
Nous sommes heureux de constater que les études d’archéologie ont toujours la cote !
La Rédaction.
