« Sur nos monts quand le soleil, annonce un brillant réveil, na nana nana nanan… », après c’est quoi déjà ?
Alors que la plaine du Grütli est envahie de toutes parts non pas par les mauvaises herbes mais les mauvaises graines de crânes rasés, main droite un peu leste qui pointe quelque fois à quarante-cinq degrés sans même qu’il eut été nécessaire de lever la main pour répondre à une question. Alors que tout cet aréopage de pic assiettes réuni sur le gazon du green de Seelisberg se donne la réplique et se félicite dans le sens du poil pubien de la prospérité économique de notre grande nation – quoique petite, en taille – et du message de paix qu’elle porte par-delà les Alpes et le Lac des Quatre-Cantons, les Suisses et Suissesses ignorent toujours les paroles de leur hymne national.
En bref – « L’Internationale » boudée par les Suisses et les Suissesses.
Selon une étude de l’observatoire du déclin du socialo-marxiste, la part de citoyens et citoyennes qui connaissent le chant révolutionnaire serait passée de 12 à 5,7% entre 2000 et 2021. En revanche, la plupart des Suisses et Suissesses connaîtraient les paroles de Djadja, de la chanteuse Aya Nakamura.
Or, pour Guy Parmelin, président de la Confédération, anciennement garçon de cocher, cireur de chaussures et passé, comme tous les amoureux de la vie et des belles choses, par la case vignoble et préparation d’une Villageoise maison avec ses amis hipsters bobo gauchistes ; pour Guy Parmelin, disions-nous, ceci est inadmissible. Tout bon Suisse qu’il soit détenteur d’une chemise d’armailli ou d’un sarouel ; toute bonne Suissesse, qu’elle ait la composition de corps et d’esprit de la grosse Trudi ou d’une hétaïre des villes ; toutes ces belles personnes, qu’elles soient milliardaires ou destinées à crécher sous un pont, devraient connaître les paroles de la chanson sacrée qui nous unit malgré le schisme linguistique et culturel qui, à l’instar de deux plaques tectoniques divergentes, nous sépare de jour en jour.
C’est pourquoi, dans le souci d’unité qui est le sien, Guy Parmelin a souhaité offrir une bouteille de son meilleur vin à toutes celles et ceux qui posteraient une vidéo TikTok d’eux-mêmes en train d’entonner le Cantique suisse sans antisèche ou prompteur dissimulé derrière la caméra.
Assurément, une fabuleuse idée pour faire marcher l’économie de la santé avec toutes les cirrhoses du foie que cela devrait provoquer.
La Rédaction.
Illustration : « 108th (Centenary) Session of the International Labour Conference. Geneva, 10-21 June 2019 » by ILO PHOTOS NEWS is licensed under CC BY-NC-ND 2.0
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