Santé

Plus d’une centaine de boomers sombrent dans la dépression après que Facebook a cessé de fonctionner

Durant plus de huit heures, ils n’ont pas pu commenter des « c’était mieux avant » ou donner leur avis sur l’absence d’ambition de la jeunesse. Récit.

Jean-Marc est un boomer, c’est-à-dire qu’il est issu de la génération éponyme du « baby boom » d’après-guerre. Il n’a connu « l’internet » – comme il l’appelle – que sur le tard et a dû s’adapter tant bien que mal à son utilisation, au travail comme dans la vie de tous les jours. En 2011, comme tout le monde, Jean-Marc se crée un compte Facebook où il oublie de mettre une photo de profil et grâce auquel il accède à de nombreux montages qu’il envoie alors à ses enfants sous forme de MMS – une technologie « révolutionnaire », selon ses propres termes. Sur Facebook, Jean-Marc découvre aussi les infinies possibilités de répandre sa bile sur les autres et d’étaler sa formidable culture pour commenter les phénomènes de société. Il faut dire que lui « qui a du vécu », comprend beaucoup mieux les enjeux de politique internationale ou les motivations de ses concitoyens que quiconque ! Ainsi adhère-t-il à de nombreux groupes dans lesquels il débat démocratiquement, à grand renfort de « je sais mieux que toi ! » ou « tu n’es qu’une sombre m**** inculte ! » avec des inconnus dont il se lie malgré lui d’amitié, à tout le moins, avec lesquels il développe un lien de dépendance affective qui le feront revenir quotidiennement sur le réseau social. 

Or, hier soir, à l’heure où Nicolas Sarkozy étalait un pot entier de vaseline autour de sa cheville irritée par les frottements de son bracelet électronique, Jean-Marc a subit – comme la plupart des autres terriens, nous direz-vous – de plein fouet la panne qui a mis au chômage technique la plupart des influenceurs Instagram durant plusieurs heures. De se fendre de la déclaration suivante : « Lorsque je suis rentré du boulot, je m’attendais à débattre… Enfin de m’insulter (sic) avec Jean-Michel et Pascal autour de la question woke, eh ben le décalage entre mes attentes et l’impossibilité de me connecter à mon compte Facebook m’a plongé dans une profonde dépression ! Au milieu de la nuit, j’ai même envisagé de m’ouvrir les veines ! Qu’est-ce que j’allais devenir si je ne pouvais plus traiter les jeunes de fainéants, dire que les femmes vont quand même trop loin avec leurs revendications et relayer sans le savoir des hoaxs ?! Ma vie avait perdu tout son sens… ». 

Comme Jean-Marc, de nombreux utilisateurs de Facebook ont difficilement vécu leur éviction du réseau social. Les uns la prenant personnellement, s’imaginant avoir été les cibles de « ceux qui tirent les ficelles », en raison de leurs propos « dérangeants » et de leur « franc-parler » dans une société «  on ne peut plus rien dire ! » ; les autres sombrant dans la dépression après que leur seul et unique contact social avec d’autres êtres humains a été rendu impossible des suites d’une erreur de câblage par un technicien de la Silicon Valley. 

Bilan ce matin à huit heures, une forte hausse de la demande de soins psychologiques et des primes maladies qui semblent devoir grimper en flèche en 2023.

La Rédaction. 

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