Economie

L’Office cantonal de la statistique rebaptise les « chômeurs » en « gros losers »

Pour se mettre en conformité avec l’opinion publique, l’Office cantonal de la statistique a renommé les “chômeurs” en “gros losers”.

À Genève, l’Office cantonal de la statistique (OCSTAT) a récemment procédé en toute discrétion à une révision ciblée de sa nomenclature dans laquelle les « chômeurs » sont devenus officiellement des « gros losers ». Un changement « stratégique », selon la direction de l’établissement, qui a notamment pour but d’inciter ces derniers à retourner plus vite à l’emploi après qu’ils l’ont perdu des suites d’une délocalisation en Pologne ou de la libéralisation de leur profession. 

« Il nous faut nous mettre en conformité avec l’opinion publique », explique aussi l’OCSTAT. « Or, la plupart des Suisses pensent que les chômeurs sont des gros losers, c’est la raison pour laquelle nous procédons à cette modification », justifie l’Office.

Selon le philosophe John Austin, certains actes de paroles auraient des effets performatifs sur la réalité. Ce serait le cas, par exemple, lorsqu’un prêtre déclare deux individus « mari et femme » et que, quinze ans plus tard, le mari se trouve obligé de payer la pension alimentaire de son abruti de gamin au moment du divorce. Ce serait également le cas lorsqu’un prêtre déclare sa flamme à un gamin et que l’Église, alors que l’enfant atteint la majorité, doit étouffer un scandale sexuel. Parole. Effet concret. Par analogie, l’OCSTAT attend donc des « gros losers » qu’ils se mettent plus activement à rechercher un emploi que leurs prédécesseurs les « chômeurs », (un peu) moins stigmatisés qu’eux.

Or, ce changement, loin de satisfaire tout le monde, est même jugé « largement insuffisant » par de nombreux acteurs à l’instar de la section genevoise de la Fédération des entreprises romandes (FER) dont le président exhorte : « Les incitations, ça suffit ! Pour les motiver, il vaut mieux battre les chômeu… Euh, les gros losers ! Ou tout simplement, pour les plus récalcitrants, les envoyer au bagne de Cayenne ou à Mayotte ! » Voilà une déclaration qui, en attendant d’observer les retombées de cette nouvelle forme de condamnation des chômeurs, devrait avoir pour effet de s’attirer la sympathie de l’éditorialiste politique Loup Viallet.

La Rédaction.  

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