Un homme est décédé ce matin après avoir refusé une transfusion qui lui était pourtant vitale. L’individu ne souhaitait pas être redevable envers un certain Pierre Maudet, sur lequel avait été prélevé, la veille, une poche de sang.
L’opération communication bat son plein au sein du département de la santé et des mobilités. Profitant de ce que tombaient à pic les quatre mois écoulés depuis sa dernière transfusion, sa sainteté Pierre Maudet s’est rendu ce dimanche aux HUG pour donner, il va de soi contre bons soins ainsi que la promesse d’un vote, quelques décilitres du sang le plus pur que la Terre ait jamais connu depuis l’abolition des privilèges et de leur justification par un sang bleu en réalité synonyme de l’oisiveté la plus totale.
Or, cela tombait à pic. Quelques heures auparavant, Gérard, un très honnête artisan luthier, s’empalait en effet fort malencontreusement sur une mandoline. Se mettant à saigner abondement, il rejoignait alors tant bien que mal les urgences, sans aucune aide aucune puisque toutes les personnes qu’il croisa sur le chemin séparant son atelier carougeois de l’hôpital cantonal prirent, en le voyant saigner plus encore qu’un nez cassé, d’abord peur puis leurs jambes à leur cou.
Tant bien que mal Gégé parvint néanmoins jusqu’aux HUG. Là-bas, il ne fut néanmoins pas au bout de ses peines, encore moins de ses surprises. Pris en charge par un soignant non seulement en poste depuis dix-huit heures mais également au bord burnout, Gérard eu en effet le temps de perdre l’équivalent de trois litres de sang avant que ne vint au personnel soignant l’idée de le transfuser. Il faut dire que l’ensemble de la profession n’a pas les idées claires depuis qu’on lui a promis monts et merveilles – NDLR : souvenez-vous, c’était pour les remercier ! Eux qui avaient tant œuvré durant la pandémie ! – sans jamais honorer aucun engagement. Bref, au moment de lui enfoncer l’aiguille dans la veine, l’infirmière lança : « Eh bien, ça alors ! On peut dire que vous en avez de la chance dans votre malheur ! » Gérard s’étonna alors : « Et pourquoi donc ? » Sur quoi l’infirmière répondit tout sourire : « Le sang que je vais vous transfuser provient de Pierre Maudet ! Notre bon conseiller d’Etat a fait don pas plus tard que tout à l’heure ! »
Il ne vaut pas la peine de retranscrire ici les propos qui sortirent conséquemment de la bouche de Gérard, lesquels ne sont que mensonges et diffamations. À toutes fins utiles, la Rédaction de la Biturne de Genève doit cependant apprendre à ses lecteurs le décès de l’artisan luthier qui a catégoriquement refusé la seule et unique transfusion qui lui était possible, étant entendu les réserves de sang extrêmement des basses HUG. Nos pensées vont bien évidemment à sa famille dont nous partageons la peine des membres bien que ceux-ci nous ont assuré qu’ils comprenaient le choix de Gérard et que, à sa place, ils auraient « fait le même choix » plutôt que d’être à jamais lié à Pierre Maudet.
La Rédaction.
Crédit photo : screenshot story HUG.
